LANCÉE officiellement en mai 2009, l’étude NutriNet-Santé, coordonnée par l’Unité de recherche en épidémiologie nutritionnelle (U557 INSERM, INRA, CNAM/université Paris-13) et dirigée par le Pr Serge Hercberg, s’est fixée pour objectif de recruter, en cinq ans, 500 000 internautes de plus de 18 ans, acceptant de répondre sur le Net à des questionnaires sur leur alimentation, leur activité physique, leurs poids et taille, leur état nutritionnel et sur de multiples déterminants des comportements alimentaires. À la date du 30 novembre, 104 356 internautes étaient déjà inscrits.
° Beurre ou huile
Et l’étude livre ses premiers résultats, qui mettent en évidence des apports alimentaires contrastés en France liés aux traditions régionales et aux disparités socio-économiques. On observe ainsi un gradient Nord-Sud pour les fruits et légumes, une France du beurre et une France de l’huile (et notamment de l’huile d’olive) et des régions du Nord et de l’Est de la France caractérisées par des apports alimentaires moins favorables à un bon équilibre nutritionnel. Ces différences s’expliquent à la fois par des traditions régionales de consommation et par des facteurs socio-économiques.
Au niveau national, la consommation de fruits et légumes est 40 % plus importante chez les cadres supérieurs que chez les ouvriers et employés et, d’une façon générale, 50 % plus élevée chez ceux qui ont les plus hauts revenus que chez ceux qui ont les plus faibles revenus. De même la consommation de poisson est plus élevée chez les cadres, les plus diplômés et les plus hauts revenus. À l’inverse, viande, charcuterie et pommes de terre sont moins prisées par les sujets de plus haut niveau d’éducation, de plus hauts revenus et chez les cadres supérieurs par rapport aux ouvriers.
° Disparités régionales et sociales
La prévalence de l’obésité varie de même selon les régions et en relation avec les disparités sociales. La prévalence du surpoids est de 32 % chez les femmes et de 46 % chez les hommes, dont 11 % d’obésité pour les deux sexes. Les régions les plus touchées par l’obésité sont le Nord-Pas-de-Calais (18 %), la Lorraine (17 %) et la Picardie (17 %) ; les moins touchées sont la région Midi-Pyrénées (7 %) , l’Aquitaine (8 %), la Bretagne (9 %), le Limousin (9 %) et PACA (10 %). La prévalence de l’obésité est également nettement plus élevée chez les sujets à bas revenus (2 fois plus par rapport aux plus hauts revenus).
La maigreur concerne 5 % des femmes (6 % des femmes ayant un niveau de diplôme supérieur ) et 2 % des hommes.
° Bonne connaissance des repères
On relève globalement une bonne connaissance des repères de consommation alimentaire, mais les femmes les connaissent mieux que les hommes. Ainsi, 85 % des femmes et des hommes connaissent parfaitement les repères de consommation pour les fruits et légumes (au moins 5 par jour) et pour le poisson (au moins 2 fois par semaine). Le repère de consommation des viandes-poissons-ufs (1 à 2 par jour) est connu par 75 % des sujets et celui des produits laitiers (3 par jour) par 39 % .Le repère de consommation des féculents (à chaque repas) est celui qui est le moins bien connu (22 % de la population).
° L’image idéale de la minceur
L’image du corps représente toujours « une pression forte » pour les femmes : 1 femme sur 3 de poids normal se trouve trop grosse et 2 sur 3 voudraient peser moins ; 42 % des hommes et 49 % des femmes se trouvent trop gros (62 % des femmes ayant un diplôme de niveau primaire contre 45 % de celles qui ont un niveau supérieur).
Les sujets obèses se connaissent : 99 % des femmes et 98 % des hommes dans ce cas se trouvent trop gros. Pour les sujets en surpoids, ce sont 92 % des femmes et 69 % des hommes qui se trouvent trop gros. La plupart des sujets obèses ou en surpoids voudraient peser moins, c’est le cas de 55 % des hommes et de 70 % des femmes.
Mais les femmes de poids normal qui voudraient maigrir sont aussi très nombreuses (63 %, contre 30 % des hommes de poids normal) et 9 % des femmes maigres voudraient également peser encore moins.
Ces résultats de l’étude NutriNet-Santé mettent en évidence la persistance de l’image idéale de minceur, véhiculée par les médias et le monde de la mode qui incite un nombre important de femmes de corpulence normale à vouloir perdre du poids.
Enfin, les chercheurs relancent leur appel à la bonne volonté des citoyens afin de recruter 100 000 nouveaux volontaires dans les six mois à venir. Pour rejoindre Nutrinet-Santé et participer à cette étude pour faire progresser la recherche publique sur la nutrition et la santé, rendez-vous sur www.etude-nutrinet-sante.fr.
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