LES FIBRES alimentaires sont des substrats glucidiques qui échappent à la digestion dans l’intestin grêle et vont faire l’objet d’une fermentation par la microflore bactérienne dans le gros intestin. Il a été suggéré que ces fibres peuvent réduire le risque d’insuffisance coronaire, de diabète, de certains cancers, d’obésité et de mortalité prématurée. En effet, ces fibres induisent une augmentation de l’excrétion des acides biliaires, des estrogènes ainsi que de facteurs carcinogènes et procarcinogènes. Elles ont également un effet hypocholestérolémiant, elles ralentissent l’absorption des glucides et améliorent la sensibilité à l’insuline. Enfin, elles abaissent la pression artérielle, favorisent la perte de poids, inhibent la peroxydation des lipides et ont des propriétés anti-inflammatoires.
Mais les études observationnelles relatives aux effets des fibres alimentaires sur la mortalité sont peu nombreuses et leurs résultats sont contradictoires. Dans la Scottish Heart Health study, qui a porté sur 11 629 sujets, l’apport en fibres alimentaires est apparu inversement corrélé à la mortalité totale chez les hommes, mais pas chez les femmes. Dans la Zutphen Study, réalisée aux Pays-Bas chez 1 373 hommes, une diminution de 9 % de la mortalité globale a été mise en évidence pour 10 g/j de consommation de fibres alimentaires. Une autre étude a également mis en évidence une baisse de 43 % de la mortalité totale chez les sujets consommant 25 g/ j ou plus de fibres alimentaires par comparaison avec ceux qui en consommaient moins. Inversement, dans l’étude NHANES I, qui a porté sur 9 776 sujets, aucune association de ce type n’a été constatée. Concernant les causes spécifiques de décès, les études sont rares et leur méthodologie discutable.
Une cohorte impressionnante.
C’est pourquoi Y. Park et coll. ont entrepris l’étude NIH-AARP (National Institutes of Health-American Association of Retired Persons) Diet and Health afin d’évaluer la relation entre les apports en fibres et la mortalité. Cette étude a porté sur une impressionnante cohorte de 219 123 hommes et 168 999 femmes de 50 à 71 ans et sa durée de suivi a été de neuf ans. Les apports alimentaires ont été évalués au moyen d’un questionnaire de fréquence validé portant sur 124 points, permettant de déterminer la consommation des aliments en volume et en fréquence quotidienne sur les douze derniers mois. Des données démographiques, anthropométriques et relatives au mode de vie ont également été recueillies. Les causes de décès ont été déterminées par l’analyse des données de l’indice national de mortalité, créé en 1968 aux États-Unis. Ce dernier indique qu’un certificat de décès fait l’objet d’une fiche dans une région d’enregistrement donnée. Une copie peut alors en être demandée.
Une réduction très significative de la mortalité.
Durant les neuf années de suivi, 20 126 décès ont été dénombrés chez les hommes et 11 330 chez les femmes. La consommation de fibres a varié de 13 à 29 g/j chez les hommes et de 11 à 26 g/j chez les femmes. Le croisement de ces données a montré que les apports en fibres sont significativement associés à une réduction très significative du risque de la mortalité générale atteignant 22 % (p ‹ 0,001).
Par comparaison avec les femmes dont l’apport en fibres était le moins élevé, une consommation de fibres importante, correspondant au quintile le plus élevé de la population, a été associée à une réduction de 34 % de la mortalité cardiovasculaire, de 46 % pour la mortalité par maladie respiratoire et de 59 % pour les maladies infectieuses. Chez les hommes, les réductions constatées ont été de 24, 31 et 56 %.
Ainsi, les fibres alimentaires permettent de réduire la mortalité globale et spécifique, cardiovasculaire, respiratoire et infectieuse. Cette étude plaide donc pour une politique de santé encourageant une telle alimentation.
Park Y, et coll. Dietary fiber intake and mortality in the NIH-AARP Diet and Health Study. Arch Intern Med 2011 ; 171 (12) : 1061-8.
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