Une part importante des personnes en difficulté avec leur poids aspire à suivre un régime à tout prix. Elles éprouvent l’envie de se soumettre à des règles d’alimentation strictes alors même que celles-ci peuvent être douloureuses, déséquilibrées, voire loufoques. Elles ont faim de régimes. Car ce qui compte pour elles, c’est l’espoir d’atteindre un idéal. Celui d’imaginer une vie meilleure, sans problème de poids. Comment expliquer que certains patients cherchent, ainsi, à multiplier les régimes, plutôt que de rechercher les raisons de leur alimentation mauvaise ou excessive ? « Plus la sécurité intérieure est fragile, plus la recherche de forces de l’ordre, à l’extérieur, s’impose. Et c’est cela un régime : il dicte des règles de conduite. Il « suffit » de s’en remettre à ses prescriptions pour atteindre un objectif. Cela peut rassurer celui qui a peur de ne pas savoir ce qui est bon pour lui. Cela protège également de l’anarchie interne ressentie, puisque la plupart des personnes qui suivent un régime disent qu’elles ne savent ni se retenir, ni être raisonnables », souligne Catherine Grangeard*, psychanalyste.
Contrer les prommesses illusoires.
En consultation, le patient en difficulté avec son poids exprime des éléments de sa vie qui orientent les ordonnances. Il ne faut pas le robotiser en le réduisant, par exemple, à son IMC. Le rôle du psychanalyste est au contraire de le considérer d’abord comme une personne, sans le suivre dans son obsession de mettre en avant son poids. Et de différencier les raisons du recours au régime (la faim de régime) de la réponse (le régime A, B, C, D…). Le psychanalyste cherche à déceler les éventuelles blessures profondes de son patient, celles qui se cachent derrière son envie de faire un régime. « Braquer le projecteur sur le poids, responsable de tous les maux, évite de regarder ailleurs. La plainte du patient qui ne réussit pas à perdre ses kilos peut en réalité révéler des souffrances bien plus importantes », assure Catherine Grangeard.
Ainsi, le psychanalyste doit dénoncer les conséquences psychiques et somatiques des restrictions alimentaires. Et contrer les charlatans, les « régimenteurs » sans éthique, qui prescrivent des régimes de façon systématique, sans s’intéresser au patient. « Par le biais d’une prise en charge pluridisciplinaire (obésologues : médecins nutritionnistes, diététiciens, psychanalystes, psychologues…), nous pouvons aider ces patients à améliorer leur hygiène de vie en leur proposant des règles de nutrition acceptables, des exercices physiques réalistes ainsi qu’un soutien psychologique régulier. Le psychanalyste doit trouver les clés pour que son patient puisse réconcilier le principe de réalité au principe de plaisir et donc, adopter un mode de vie qui rende caduque le recours à tout régime totalitaire », conclut Catherine Grangeard.
*Catherine Grangeard est également l’auteur de Comprendre l’obésité, une question de personne, un problème de société, éditions Albin Michel, 16,90 €.
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