LES PROTOCOLES D’INDUCTION DE TOLÉRANCE alimentaire s’appliquent de plus en plus aux allergènes tels que l’arachide, la noix de cajou, le lait et l’œuf. Longtemps, la prise en charge des manifestations (syndrome oral) liées aux allergies croisées telles que le syndrome pomme/bouleau, fut souvent délaissée au profit de conseils d’éviction du fruit s’étendant à l’ensemble des rosacées. Depuis quelques années l’équipe du Pr Berard dans le service d’allergologie du Centre Hospitalier Lyon-Sud s’y intéresse et développe une technique de tolérance à la pomme pouvant rendre le sourire à de nombreux allergiques.
Les allergènes de la pomme
•Les allergènes de la famille des PR 10 dont le chef de file est Bet V1 se retrouvent préférentiellement dans la pulpe des fruits de la famille des Rosacées dont la pomme (allergène Mal d1) fait partie .Ils sont aussi retrouvés dans la carotte, le céleri, l’arachide , le soja . Ces PR10 , à l’origine des allergies croisées pomme/bouleau, sont sensibles à la chaleur et à la digestion permettant ainsi de consommer les fruits cuits sans problème .
•Les LTP : (protéines de transport lipidique) présentes surtout dans la peau de nombreux fruits et légumes sont thermo-résistantes et non détruites par la digestion. Pour la pomme l’allergène correspondant porte le nom de Mal d3 . Que le fruit soit consommé cuit ou cru ces LTP déclenchent lors de l’ingestion , chez les patients allergiques, des réactions cliniques généralisées pouvant aller jusqu’au choc anaphylactique.
Croquer la pomme
L’annonce d’une allergie croisée pomme-bouleau s’accompagne souvent de la phrase fatidique « vous pourrez manger la pomme cuite, en compote, en tarte mais crue c’est fini » .La frustration se lit sur le visage du patient et s’accentue avec l’extension progressive du spectre des fréquentes allergies croisées aux autres rosacées (fruits à noyaux, poire, fraise, framboise et mûre )aux ombellifères (la carotte, le céleri), à l’arachide, au soja, au kiwi. Que ce soient les PR 10 ou les LTP, leur concentration dans le fruit varie d’une année sur l’autre, influencée par de nombreux facteurs extérieurs comme le lieu et les conditions de culture,l’espèce consommée (différence significative par exemple entre la Granny Smith, la Pink Lady,La Royal Gala ou la Golden), l’année de récolte etc …
Une solution: l’induction de tolérance alimentaire
Depuis 2008, le Pr Berard et le Dr Bouvier (LYON) développent en milieu hospitalier un protocole de tolérance alimentaire à la pomme. Le Dr Bouvier l’a ensuite étendu à sa pratique libérale en cabinet médical. Il ne s’agit pas simplement de faire manger un morceau de pomme à un patient mais de suivre une méthodologie bien précise, réalisée par un médecin rompu à cet exercice, possédant une très bonne connaissance des allergies aux fruits et un matériel d’urgence à disposition; une surveillance médicale étant impérative tout au long de l’induction. Une première étude en 2010 sur 18 patients allergiques aux LTP et/ou aux PR 10 a précédé celle de 2013 qui fit l’objet d’une intervention lors du dernier congrès d’Allergologie . Réalisée sur une cohorte de 45 patients, le choix de la pomme utilisée pour l’induction n’est pas un hasard. Il pourrait s’agir de la Pink Lady, de la Granny Smith mais c’est vers la Golden que le choix s’est porté en raison de sa richesse en LTP et PR10. La technique utilise la peau et la pulpe du fruit permettant d’élargir ensuite l’efficacité de la tolérance à toutes les formes d’allergies à la pomme.
Différentes étapes
Après un bilan allergologique initial, l’induction s’envisage sous surveillance sur une journée en effectuant une progression des doses ingérées jusqu’à une certaine quantité en grammes. Prise quotidiennement au domicile du patient durant 8 semaines, elle est ensuite doublée durant une même période puis quadruplée pendant 2 mois. Les changements de doses se faisant toujours au cabinet médical sous surveillance. Un second bilan allergologique de contrôle clos le protocole qui permet ensuite au patient de manger ½ pomme Golden ou autre chaque jour. Un recul suffisant permet également d’affirmer une efficacité sur d’éventuelles allergies associées à d’autres Rosacées et aux cucurbitacées.
Pas de conflit d’intérêt.
Suite à un entretien avec le Dr Michel Bouvier, Allergologue LYON.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024