L’intensité de la restriction calorique et l’absence de diabète sont deux facteurs déterminants dans le maintien de la perte de poids. C’est ce que montre une méta-analyse (1) faisant la synthèse des résultats d’un grand nombre d’études sur l’amaigrissement. Mais l’étude du Dr Rena Wing (2), spécialiste new-yorkaise de l’obésité, va plus loin. Elle a invité 4 000 personnes, qui avaient maintenu une perte de plus de 13 kg durant au moins un an, à s’enregistrer sur un site Internet pour analyser les déterminants de ce succès. En étudiant leurs réponses, elle a relevé cinq facteurs favorisant le maintien de poids après amaigrissement : la restriction calorique (les personnes interrogées ne consommaient que 1 400-1 800 kcalories par jour dont seulement 25 % de lipides) ; l’activité physique soutenue (au moins une heure par jour, soit entre 2 500 et 3 000 calories de dépenses énergétiques hebdomadaires) ; la surveillance régulière du poids ; la prise du petit-déjeuner et une faible consommation de repas à l’extérieur. De fait, les personnes interrogées ne s’octroyaient que deux repas et demi par semaine en dehors du domicile.
« Par ailleurs, nous savons aujourd’hui que plus la phase de perte de poids est durable, plus il est facile, ensuite, de maintenir le poids longtemps. En outre, et c’est ce que nous croyons depuis longtemps, une perte de poids initiale très importante (› 20 % du poids de départ) majore le risque de reprendre des kilos. Par ailleurs, la désinhibition et la sédentarité (le temps passé devant la télévision, par exemple) sont des facteurs évidents de majoration de la reprise du poids », souligne le Pr Patrick Ritz, médecin nutritionniste au CHU de Toulouse.
Adhésion.
Les facteurs contribuant à la perte et au maintien du poids sont ainsi bien connus. Chaque cas étant particulier (dans sa physiopathologie, ses comportements…) des projets personnalisés de soins doivent être mis en place pour tenter d’atteindre ces objectifs. Y a-t-il, néanmoins, des mesures qui pourraient être bénéfiques au plus grand nombre ? Concrètement, comment aider les patients à maintenir leur poids ? À l’évidence, l’objectif d’un maintien de poids durable après amaigrissement ne peut être atteint que si le patient adhère aux programmes proposés. Une étude (3) démontre ce concept. Elle a été réalisée auprès de 150 personnes ayant perdu du poids avec une diète hypocalorique (800 calories par jour). Les auteurs ont mesuré l’adhésion des patients à la diète en question. « Les patients les moins adhérants consommaient 1500 calories par jour. Mais les plus adhérents n’étaient qu’à 700 calories par jour. Ceux qui adhéraient ont repris moitié moins de poids - à deux ans - que les patients les moins adhérents. Cela montre, sans surprise, que la restriction alimentaire après la phase d’amaigrissement aide à maintenir le poids. Mais aussi que l’adhésion des patients est primordiale. C’est à nous de trouver, sans cesse, de nouveaux moyens, pour que les changements de vie qui permettent le maintien du résultat soient durables », souligne le Pr Ritz.
Equipe multidisciplinaire.
Aider le patient à manipuler convenablement son alimentation est également l’une des façons de lui éviter une reprise de poids. Une grande étude européenne (Diogenes, 4) comprenant 900 patients sur qui cinq régimes ont été testés pendant six mois, démontre qu’une alimentation riche en protéines et dont l’index glycémique est bas contribue davantage au maintien du poids que la consommation de produits pauvres en protéines avec un index glycémique élevé. D’autres études (5) montrent également que la consommation de thé vert, de thé blanc et de thé Oolong contribueraient à maintenir le poids après un régime.
Autre point primordial : « nous savons aujourd’hui que les facteurs sociologiques peuvent influencer la reprise du poids. C’est un paramètre que nous devons absolument prendre en compte via une évaluation psycho-sociologique du patient. Cela pourra se faire, à l’avenir, en collaboration avec des sociologues de l’alimentation, dans le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire. Car, au delà de la prescription diététique, nous devons considérer la dimension hédonique et psychologique des patients. La dépression, l’anxiété, le manque d’estime et de confiance en soi mènent quasi inéluctablement à la reprise de poids », conclut le Pr Ritz.
(1) Dansinger ML, Ann Intern Med. 2007;147:41-50.
(2) Wyatt HR, Œt coll. Long-term weight loss and breakfast in subjects in the National Weight Control Registry. Obes Res. 2002 Feb;10(2):78-82.
(3) Del Corral P et coll. Obesity 2011 June;19(6): 1177-81.
(4) Larsen TM. N Engl J Med 2010 25;363(22): 2102-13.
(5) R Hursel and MS Westerterp-Plantenga, International Journal of Obesity (2010)34:659-69.
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