À L’INSTAR des autres pays développés, la France a connu au cours du siècle dernier des modifications importantes de ses pratiques alimentaires, avec, notamment, une réduction de la consommation des glucides complexes au profit des lipides et une augmentation des apports caloriques d’origine animale et de la part des produits transformés au détriment des produits bruts. « Cette évolution s’est achevée en 2000 », souligne le coordonnateur de l’expertise, Patrick Etéviant (département Alimentation humaine, INRA). Cette convergence s’accompagne toutefois de spécificités nationales. Comparée aux autres pays européens, la France se distingue ainsi par le nombre de sources et les variétés des aliments, et par une préférence pour le fromage et le pain.
Spécificités françaises.
C’est également le pays qui consacre le plus de temps aux repas, à savoir en moyenne 96 minutes par jour, contre 66, pour le deuxième de la liste (la Hollande). Patrick Etéviant fait remarquer à ce propos que le fameux phénomène de déstructuration alimentaire n’a pas été retrouvé par les experts. Certains chiffres sont même encourageants, la population adepte du grignotage (snacking) étant passée de 9 % en 2002 à 5,4 % en 2009. Ils doivent cependant être pris avec prudence en raison de l’absence de définition consensuelle de cette pratique dans la littérature. Les données des enquêtes sur les typologies alimentaires sont également difficiles à interpréter, mais la majorité d’entre elles font ressortir deux grands profils dans tous les pays : les « prudents », qui ont un régime tenant compte de la dimension santé de l’alimentation et les « Occidentaux », qui ont des comportements inverses.
Le poids des normes sociales.
Parmi les nombreux déterminants externes du comportement alimentaire identifiés, l’un est apparu comme ayant un poids particulier, en l’occurrence l’environnement social, en particulier les contraintes liées aux normes régissant les rythmes alimentaires et la structuration des repas, à savoir « les prises alimentaires normées par la société et dont le déclenchement est indépendant des régulations physiologiques ».
Enfin, ce travail montre que « les campagnes génériques d’information et de prévention en nutrition ont peu d’impact à court terme sur les comportements lorsqu’elles sont utilisées seules […]. L’information nutritionnelle est plus efficace lorsqu’elle s’intègre dans une démarche spécifique et ciblée sur un individu (l’éducation thérapeutique) ou sur un groupe homogène (marketing social). » Les interventions visant à modifier les comportements alimentaires doivent agir sur plusieurs déterminants, en particulier ceux qui jouent sur l’environnement, et impliquer un maximum d’acteurs. C’est ce qui a été fait dans le programme EPODE (Ensemble, prévenons l’obésité de l’enfant), « le seul programme qui, apparemment, donne des résultats positifs* », note Patrick Etéviant.
* « Le Quotidien » du 27 mai 2010.
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