Rétention
La rétention hydro-sodée est quasi constante dans l’évolution de l’insuffisance cardiaque et est un facteur fréquent de décompensations aiguës. Le régime sans sel doit donc être adapté à chaque moment de l’évolution de la maladie.
L’alimentation ordinaire dans nos pays apporte 8 à 10 g de sel (chlorure de sodium) par jour, soit 3 à 4 g de sodium. On considère qu’un régime alimentaire apportant 4 à 6 de sel par jour, donc modérément salé, est suffisant, une fois l’insuffisance cardiaque stabilisée, c’est-à-dire une fois le patient rentré chez lui.
Modérément
Qu’est-ce qu’un régime modérément salé ?
Il repose sur deux principes :
- réduire le sel dans l’alimentation, c’est-à-dire saler pour la cuisson et ne pas en rajouter, donc ne pas mettre de salière à table,
- supprimer, ou du moins espacer, les aliments et les préparations très riches en sel : charcuteries, fromages (tous sont salés en particuliers les plus anodins, type le gruyère), choucroutes, conserves de viande ou de poissons, poissons fumés, crustacés, huîtres (même après avoir jeté la première eau), moutarde, petits biscuits à apéritifs, chips, pâtisseries industrielles, eaux gazeuses sodées (Vichy surtout Célestins mais aussi Saint-Yorre, Badoit…), jus de fruits et sirops du commerce.
Sont autorisés : les laitages, les viandes et les poissons frais, les congelés et surgelés naturels « non travaillés », les légumes frais et secs, pâtes, riz, pommes de terre, tous les aromates (poivre, ail, oignon, herbes aromatiques, vinaigre, moutarde sans sel), la plupart des eaux plates et parmi les eaux gazeuses Perrier et Salvetat.
En fait, ces interdits sont faits pour être contournés, de temps en temps, surtout en période de fêtes, si la situation est stable.
Se peser
Comment un patient peut-il juger de la stabilité de son état cardiaque ?
Par le contrôle du poids
Tout insuffisant cardiaque doit apprendre à se peser très régulièrement, 1 à 2 fois par semaine, notamment lors des écarts de régime : une prise de poids de 1 kg en 2 à 3 jours indique une rétention hydro-sodée excessive (et non la prise de « graisse » et encore mois de « muscle », les insuffisants cardiaques perdant progressivement leur masse musculaire !). Et impose de revenir à un régime désodé plus strict et surtout à augmenter pendant 1 à 2 jours le Lasilix jusqu’au retour au poids de base. La répétition rapprochée de telles prises de poids nécessite de réexpliquer ce qu’est le régime sans sel, de rechercher des erreurs diététiques (éventuellement par le contrôle de la natriurèse), de vérifier l’absence de prise d’AINS (qui bloquent l’action des diurétiques) ou de corticoïdes sous différentes formes (qui entraînent une rétention hydrosodée par eux-mêmes) et surtout de reconsidérer le traitement de l’insuffisance cardiaque : augmenter les diurétiques, les IEC (ou ARA2) et les bêtabloquants s’ils ne sont pas aux doses maximales.
Avantages et limites
Le régime désodé a des avantages et des limites
Les avantages du régime désodé sont de pouvoir diminuer (ou de ne pas avoir à augmenter) les diurétiques de l’anse.
Les limites sont nombreuses : absence de convivialité des repas, perte de l’appétit surtout chez les personnes seules, âgées ou ne sachant pas faire la cuisine. Enfin, rappelons la nécessité d’interrompre momentanément le régime en période de grande chaleur, d’hyperthermie ou de diarrhée prolongée.
Le régime sans sel doit donc être souple, adapté à l’observance, à l’évolutivité de l’insuffisance cardiaque, à la personnalité du patient et aux circonstances. La sonnette d’alarme est donnée par la prise de poids, rendant indispensable l’utilisation régulière de la balance.
Poussées
Mais un régime désodé plus sévère peut devenir nécessaire.
C’est le cas lors des poussées d’insuffisance cardiaque. Et les patients en insuffisance ventriculaire gauche font rapidement le rapprochement entre écarts de régime et majoration de la dyspnée. Ceci est moins net en cas d’insuffisance cardiaque globale, car les œdèmes de membres inférieurs sont plus sournois.
Au stade de grande insuffisance cardiaque (stade IV de la NYHA), un régime sans sel strict est devenu indispensable lorsque le traitement médicamenteux est devenu maximal, avec notamment de fortes doses de diurétiques de l’anse et des anti-aldostérone. Il en est de même lorsque s’associe, ce qui est assez fréquent à ce stade, une insuffisance rénale non seulement fonctionnelle mais aussi organique.
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