Comment situer cet essai dans la littérature existant sur la diète méditerranéenne ?
Dr BORIS HANSEL : C’est l’étude que l’on attendait ! Un article extrêmement important. Des données expérimentales et observationnelles concordantes se sont accumulées depuis longtemps sur les bénéfices métaboliques du régime méditerranéen, qui reste d’ailleurs difficile à définir puisqu’il n’y a pas "un" mais "des" régimes méditerranéens dont les points communs sont ceux que vous citez plus haut. Mais concernant la mortalité nous n’avions jusqu’alors que l’étude de Lyon réalisée en 1999 dont les résultats ont été jugés surprenants, trop spectaculaires, avec une baisse de la mortalité frôlant les 75 %. Depuis, ces résultats de cette étude n’ont jamais été reproduits.
Concrètement que faut-il retenir de cette diète ?
Elle confirme le bénéfice d’un régime méditerranéen mais aussi la tendance actuelle qui est de ne pas axer sur une baisse à tout prix de la quantité de lipides mais sur l’amélioration de la qualité nutritionnelle des matières grasses quel que soit l’élément dominant. Le piège serait justement de rapporter l’effet positif à un seul aliment. Alors qu’en nutrition, comme toujours, le bénéfice revient à l’ensemble des mesures mises en place. Les effets bénéfiques se confirment dans les différents sous groupes, notamment chez les diabétiques de type 2, ce qui montre la robustesse de l’essai.
Il nous manque toutefois l’évolution du poids et des facteurs de risque qui feront sûrement l’objet d’une seconde publication. Il est aussi un peu difficile de comparer les modalités de prise en charge des patients. Est-ce que c’est le régime lui-même ou l’intensité du suivi ? Nous n’avons pas d’éléments pour comparer l’intensité du suivi dans ces trois groupes.
Est-ce que cela atténue les résultats positifs de l’étude ?
Non, dans tous les cas, cela montre que quand on suit les patients, on diminue les événements. C’est un élément très positif qui survient après le froid jeté par l’étude Look A Head qui ne montrait aucun bénéfice cardiovasculaire d’une prise en charge diététique intensive des diabétiques de type 2.
C’est rassurant aussi pour les médecins qui passent du temps avec leurs patients, pour tous ceux qui mettent la nutrition au centre de la prise en charge. De plus, et il faut le souligner dans le contexte actuel, cela ne remet pas en question les indications des statines prises par 40 % de la population étudiée.
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