BIEN QUE l’apport alimentaire en acides gras saturés (AGS) soit communément associé à un risque cardiovasculaire accru, le lien de cause à effet entre maladies cardiovasculaires et consommation de produits laitiers pourvoyeurs d’AGS reste controversé. Tout particulièrement, les lipides du fromage, qui se composent de deux tiers d’AGS pour un tiers d’acides gras insaturés, sont souvent incriminés et les médecins prenant en charge les patients hypercholestérolémiques incitent ces derniers à ne plus consommer de fromage. Deux études récentes réalisées avec le Camembert Président montrent que cette attitude peut être reconsidérée.
Initiée par le Groupe Lactalis, la première étude clinique, randomisée en ouvert et croisée sur 65 volontaires sains âgés de 20 à 50 ans, a montré que la consommation de deux portions de Camembert Président par jour pendant quatre semaines ne modifie pas le profil lipidique des sujets sains.
Chez les hypercholestérolémiques.
Afin de conforter ces premiers résultats, une seconde étude, multicentrique et contrôlée en ouvert, a été menée chez des adultes hypercholestérolémiques. Son objectif était de déterminer si la consommation quotidienne de deux portions de Camembert Président pendant cinq semaines modifie le bilan lipidique de ce type de patients. Elle a inclus 159 sujets âgés de 18 à 65 ans présentant une concentration plasmatique en LDL-cholestérol comprise entre 1,60 g/L (4,13 mmoL/L) et 2,20 g/L (5,68 mmol/L) et ne recevant pas de traitement hypocholestérolémiant. Après une période de stabilisation de trois semaines pendant laquelle tous les sujets consommaient deux yaourts au lait entier de 125 g par jour, les patients ont été randomisés en deux groupes parallèles, avec stratification selon le sexe et le niveau de LDL-c : 82 patients (groupe C) ont consommé deux portions de Camembert Président par jour (soit deux fois 1/8e de camembert/j) et 77 patients (groupe Y) 125 g de yaourt au lait entier deux fois par jour.
Durant la période de consommation de cinq semaines, trois visites ont eu lieu pour examen clinique, dosages biologiques et suivi alimentaire. Les sujets de l’étude ne devaient pas manger d’autres fromages ou produits laitiers fermentés, mais étaient autorisés à consommer du lait. Le critère d’évaluation principal était l’évolution de la concentration plasmatique en LDL-c au cours de la période de consommation. Les critères d’évaluation secondaires comprenaient l’évolution des concentrations plasmatiques en cholestérol total, HDL-c, triglycérides, du taux d’Apo A1 et d’Apo B100 et des rapports LDL-c/HDL-c, TG/HDL-c, Apo B100/Apo A1 et (CT-HDL-c/HDL-c) ainsi que la glycémie. Le poids et les paramètres hémodynamiques classiques (fréquence cardiaque et pression artérielle) ont également été évalués à chaque bilan.
Pas de variation du bilan lipidique.
Malgré une augmentation significative de consommation d’AGS dans le groupe C, aucun effet n’a été observé sur la concentration plasmatique en LDL-c, ni sur le reste du bilan lipidique. Cette étude n’a pas montré de variation significative du cholestérol total, du LDL et du HDL chez les adultes hypercholestérolémiques du groupe C.
Plusieurs hypothèses explicatives sont avancées pour expliquer ce résultat. L’une d’entre elles repose sur la spécificité des AGS laitiers. La seconde tient à la composition particulière de ce fromage dont les activités probiotiques viennent d’être établies. En effet, des travaux récents concernant la flore intestinale de l’homme, et confirmés chez l’animal à flore humaine, montrent que la consommation de camembert ne modifie pas de façon majeure la flore dominante. Au contraire, il apporte en transit à des niveaux sous-dominants des bactéries qui modulent les fonctions métaboliques de la flore intestinale et, en particulier, le métabolisme du cholestérol.
Session parrainée par Lactalis avec la participation des Prs Jean-Louis Schlienger et Jean-Charles Martin et les Drs François Paillard, Céline Gryson et Vincent Batailler.
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