Trois communiqués de presse, annonces audio, vidéos... Les chercheurs des National institutes of health américains n’ont pas lésiné sur les moyens pour communiquer leurs résultats. « C’est la première avancée thérapeutique majeure en presque 40 ans », décrit l’équipe du Diabetic retinopathy clinical research network (DRCR), qui vient de démontrer l’efficacité de l’anti-VEGF ranibizumab (Lucentis) dans la rétinopathie diabétique proliférante (RDP) – efficacité équivalente, voire supérieure, à la photocoagulation panrétinienne au laser, « gold stardard » depuis les années 1970. « Dans la RDP, il existe désormais une alternative efficace et sûre au laser », conclut le Dr Paul Sieving, directeur du National eye institute du NIH, qui a financé l’essai.
Jusqu’à présent, la thérapie par laser était la seule option pour traiter une rétinopathie devenue proliférative. Ce stade avancé est caractérisé par la formation de néo-vaisseaux à la surface de la rétine, qui peuvent provoquer des hémorragies intravitréennes ou un décollement de la rétine, et donc une cécité brusque et complète. Si le laser permet d’obtenir la régression de la néovascularisation dans près de 90 % des cas, c’est au prix d’autres complications, comme la baisse de la vision de nuit et de la vision périphérique.
394 yeux
Sachant que dans la RDP, la néovascularisation est médiée par la production du facteur de croissance VEGF, il est apparu logique d’étudier les effets d’un anti-VEGF, d’autant plus que le ranibizumab était déjà utilisé pour traiter l’œdème maculaire des diabétiques. Les chercheurs ont recruté 305 participants RDP (soit 394 yeux), qui ont reçu un traitement laser ou des injections de Lucentis dans l’œil, une fois par mois, pendant 3 mois, puis selon les besoins. 53 % des malades du groupe laser ont également reçu du Lucentis pour traiter leur œdème maculaire.
Alors que les résultats finaux seront publiés après 5 ans de suivi, des données préliminaires à 2 ans sont parus dans le « JAMA », clairement en faveur du Lucentis : la vision des patients s’est améliorée d’une demi-mesure sur le tableau optométrique, alors qu’elle n’a pratiquement pas changé avec le laser. Les patients sous Lucentis ont constaté peu de changement dans leur vision périphérique, qui n’ a baissé que de 23 décibels en moyenne, contre 422 décibels dans le groupe laser. Enfin, le taux de vitrectomie était inférieur dans le groupe Lucentis.
Une pierre deux coups
« Le Lucentis pourrait surtout devenir une alternative pour les individus qui ont déjà besoin d’un anti-VEGF pour traiter leur œdème », précise le Dr Jeffrey Gross, qui a présenté les résultats de l’étude en fin de semaine au congrès de l’American academy of ophtalmology. Une étude est actuellement en cours pour évaluer si des injections administrées à un stade précoce pourraient prévenir l’apparition de l’œdème et de la RDP. Le Lucentis va-t-il donc supplanter le traitement laser ? Ce n’est pas si sûr, rétorque le Dr Timothy Olsen, d’Emory University, dans un éditorial accompagnant l’étude. « Les effets au long terme des injections sont encore inconnus et il est tout à fait possible que les résultats préliminaires soient en fait attribuables aux effets de l’anti-VEGF sur l’œdème maculaire », note-t-il. Autre obstacle : un suivi régulier des patients est indispensable avec le Lucentis. « Son utilisation pourrait avoir des effets désastreux pour les patients qui n’adhèrent pas complètement aux recommandations et au suivi », fait remarquer le praticien, pour qui le laser reste aujourd’hui le traitement de référence, et possiblement le meilleur choix au long-terme.
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