DEPUIS une quinzaine d’années une nouvelle voie de traitement de la surdité brusque connaît un essor certain : l’injection directement dans l’oreille moyenne d’un corticoïde. Cette option thérapeutique se substitue à la classique corticothérapie par voie orale de 14 jours. Des études les ont déjà opposées, mais leur validité était sujette à caution, d’où le travail de médecins américains, Steven D. Rauch (Harvard, Boston). Ils ont réalisé une enquête prospective dans le but de contrôler la non-infériorité de traitement local sur la voie systémique. De fait, l’injection intratympanique fait aussi bien que le traitement oral, mais ce dernier devrait conserver la faveur des ORL.
4 injections de 40 mg sur 14 jours.
L’essai randomisé a inclus 250 patients, enrôlés dans 16 centres hospitaliers, entre décembre 2004 et octobre 2009. Tous avaient une surdité brutale unilatérale survenue 14 jours auparavant au maximum. Elle consistait en une perte d’au moins 50 dB. La prednisone orale a été prescrite à 121 patients, à raison de 60 mg/j pendant 14 jours puis 5 jours de doses dégressives ; les 129 autres ont bénéficié de 4 injections de 40 mg étalées sur 14 jours. L’objectif était de s’assurer qu’il n’existait pas une différence de plus de 10 dB après récupération à 2 mois.
L’audition s’est améliorée de 30,7 dB dans le groupe sous prednisone orale contre 28,7 dB après injections. Les niveaux moyens d’audition à deux mois étaient, respectivement, de 56 et 57,6 dB. La récupération auditive à ce terme était de 2 dB supérieur pour la corticothérapie par voie orale. « L’hypothèse d’une infériorité de la méthylprednisolone intratympanique par rapport à la prednisone orale en traitement de première intention de la surdité brusque est rejetée » écrivent les auteurs.
C’est plutôt dans les analyses détaillées que se voient des différences. En effet, dans le sous-groupe de patients à mauvais pronostic, c’est-à-dire perte d’au moins 90 dB avec vertiges, la voie orale montre de meilleurs résultats. Des effets indésirables aussi sont survenus avec chaque thérapeutique, mais ils diffèrent. Pour le traitement per os, les auteurs relèvent des troubles du sommeil, de l’appétit, de l’humeur, sécheresse buccale, élévation de la glycémie et anomalie de la formule sanguine. Du côté des injections, il n’existait certes pas de troubles systémiques, comme l’équipe s’y attendait, mais locaux : douleur transitoire in situ, vertiges caloriques, otite moyenne, perforation tympanique persistante. « La sécurité des deux traitements est comparable » écrivent les auteurs.
La grande différence se situe au plan pratique. La corticothérapie orale est prescrite en une seule consultation, alors que les injections requièrent 4 consultations suivies de 30 minutes de repos en décubitus. Les dépenses de santé sont proportionnelles. L’équipe en conclut que ces derniers arguments devraient faire réserver la voie intratympanique aux contre-indications de la voie générale.
JAMA, 25 mai 2011, vol 305, n° 20, p. 2071-2079.
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