Sur les plus de 750 000 enfants qui naissent en France chaque année, près de 100 000 ont déjà ou vont développer un problème de vision (10 % de pathologies organiques, 30 % de strabismes et 60 % d’amétropies).
Pour le professeur Claude Speeg-Schatz, chef du service d’ophtalmologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS), « le premier message à faire passer est celui de l’importance fondamentale de pratiquer un dépistage le plus précoce possible compte tenu de la fragilité et de la plasticité de la fonction visuelle chez l’enfant. L’objectif est d’éliminer rapidement tout obstacle à la formation de l’image rétinienne ainsi que toutes situations à risques pouvant développer une amblyopie et d’assurer un développement visuel harmonieux de chaque œil ».
Idéalement, « le dépistage de tout ce qui relève d’une potentielle anomalie organique (cataracte, rétinoblastome, anomalies de la taille oculaire, ptosis…) doit être pratiqué dès les huit premiers jours qui suivent la naissance », explique le Pr Speeg-Schatz. Elle ajoute qu’à un problème organique « s’ajoute une amblyopie fonctionnelle réfractive » et que le seul examen qui « permette d’objectiver la condition de développement correct de l’acuité visuelle entre les deux yeux et celle de l’équilibre oculomoteur est la dilation pupillaire avec cycloplégique ». La période idéale pour le pratiquer se situe entre le neuvième et le douzième mois de l’enfant. Par ailleurs, le Pr Speeg-Schatz insiste sur l’importance du dépistage et de la prise en charge précoce de la myopie dont « la prévalence explose » en raison principalement de visionnages intenses sur écran et du manque de jeu à l’extérieur (exposition à la lumière).
Plus de place aux orthoptistes
Si une expertise collective de l’Inserm de 2002 recommande la mise en place d’un dépistage systématique des anomalies visuelles à l’échographie de la vingtième semaine, à la naissance, au quatrième mois, entre neuf et douze mois et en première année de maternelle, le Pr Speeg-Schatz regrette que la découverte des déficits visuels soit « souvent fortuite » car pas suffisamment recherchés de manière approfondie. Selon elle, c’est par « l’information et la sensibilisation du public à l’importance d’un dépistage précoce pour le développement ultérieur de l’enfant et la formation des professionnels de santé à l’ophtalmologie pédiatrique (notamment les généralistes et les pédiatres) » que passera l’amélioration du repérage de certaines anomalies oculaires. En attendant, des carences réelles existent en matière de dépistage précoce et s’expliquent en grande partie par « le manque d’ophtalmologistes et surtout d’ophtalmologistes pédiatriques », comme le relève le Pr Speeg-Schatz. C’est pour pallier ce manque qu’a été entamée une réingénierie de la profession d’orthoptiste afin de renforcer la formation de ces professionnels de santé et de leur donner une place plus importante dans les services d’ophtalmologie. Pour le Pr Speeg-Schatz, « outre le dépistage des troubles visuels chez l’enfant, l’orthoptiste permet d’accélérer le suivi du traitement d’amblyopie et de préparer l’équipe soignante en l’encadrant dans la prise en charge de la pathologie ».
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