Tout juste une poignée il y a de cela à peine dix ans, les « végans » sont désormais une minorité grandissante en France, ce qui n’a pas échappé aux milieux économiques comme en témoigne la multiplication des restaurants et autres enseignes de magasins qui leur sont destinés.
Suivant un mode de vie qui consiste à ne consommer aucun produit issu des animaux ou de leur exploitation, les végans ne portent donc aucun vêtement en cuir ou laine et suivent un régime alimentaire strictement végétalien qui exclut la viande et le poisson, mais aussi les produits laitiers, les œufs et le miel. Si le port d’un pull en fibres végétales n’a a priori que peu de conséquences sur la santé, l’exclusion du régime alimentaire de tout apport animal peut en revanche entraîner des carences nutritionnelles aux conséquences potentiellement sévères, surtout chez les plus jeunes enfants.
Chef adjoint du service de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques des Hospices Civils de Lyon, le professeur Noël Peretti remarque que l’adoption de ce type de régime, hors problèmes médicaux, « résulte principalement de deux tendances qui impliquent d’un côté des croyances religieuses ou des positions éthiques et philosophiques et de l’autre la certitude que ce type d’alimentation est plus sain et permet de se prémunir contre certaines maladies comme les cancers ou l'obésité ». S’il n’y a en France que 1 à 2 % des enfants qui sont soumis à un régime végétalien, sa fréquence augmente avec l’âge et diffère légèrement selon le sexe (2 à 3 % chez les adolescents et 4 à 6 % chez les adolescentes). Bien que modestes, ces chiffres cachent parfois des réalités dramatiques, « notamment chez la population des plus petits avant l’âge de la diversification (4 à 6 mois) parmi laquelle on déplore une à deux hospitalisations en réanimation dans notre hôpital avec malheureusement parfois décès de l’enfant ; ces cas rares n’en demeurent pas moins très traumatisants pour les familles comme pour les soignants car ils sont évitables », explique le Pr Peretti.
Les jus végétaux ne sont pas des laits
Les produits alimentaires d’origine animale (viandes, lait, poissons) constituent les sources principales de calcium, fer, zinc, vitamine D et oméga-3 et exclusives de vitamine B12 chez l’enfant et l’adolescent.
Cela explique donc pourquoi les enfants végétaliens « ont notamment des risques de carences en DHA/EPA, des oméga-3 qui interviennent principalement dans le développement cérébral et notamment de la vision » et peuvent également présenter des carences martiales en raison de la plus faible biodisponibilité du fer dans les légumineuses (5 %) par rapport à celle observée dans les viandes (15-20 %).
Un autre problème notable bien que rare est le risque de carence en vitamine B12, qui n’est présente que dans les aliments d’origine animale, dont les conséquences neurologiques sur les tout-petits peuvent être particulièrement catastrophiques. « Les jus végétaux à base d’amande, riz ou noisette pour les plus courants - et à tort qualifiés de laits - n’apportent absolument pas les quantités nécessaires à l’enfant : ni en vitamine B12, ni même en énergie, protéine ou sodium par exemple », prévient le Pr Peretti qui insiste sur le fait que « tout enfant végétalien devrait être supplémenté en vitamine B12 ou consommer, avant la diversification, non pas des jus végétaux mais des préparations infantiles (anciennement appelés laits infantiles) à base de protéines végétales qui ont été développées pour les nourrissons présentant des allergies aux protéines de lait de vache ».
Face à des parents qui ont adopté ce type de régime et qui ont décidé de l’appliquer à leur enfant, le Pr Peretti conseille avant tout aux praticiens « d’établir un lien de confiance pour essayer de les convaincre d’éviter absolument ces évictions chez les nourrissons et pour les plus grands de mettre en place un suivi de croissance avec un bilan régulier comprenant notamment un dosage de l’hémoglobine et de la ferritine ». L’important est « de bien cerner lors de l’entretien avec la famille le type de régime dont il s’agit, notamment si les produits laitiers sont exclus. Ces familles pensant agir pour le bien de leur enfant, il est nécessaire d’expliquer aux parents quelles peuvent être les conséquences sur leur enfant s’ils ne suivent pas les apports nutritionnels conseillés qui sont indispensables pour grandir en pleine santé ».
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