En 2006, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait proposé de nouvelles normes de croissance, de la naissance à 5 ans. Elles émanaient de mesures d’enfants de six pays (Brésil, Ghana, Inde, Oman, États-Unis et Norvège) nés entre 1997 et 2003, complétées par des mesures d’enfants nord-américains nés dans les années soixante-dix. Les jugeant « non optimales », la direction générale de la Santé a sollicité les chercheurs de l’unité INSERM 1 153/CRESS pour une actualisation.
Celle-ci a opté pour une approche innovante de type « big data ». 42 médecins, généralistes ou pédiatres, ont fourni cinq millions de mesures de poids, de taille ou de périmètres crâniens provenant de 261 000 enfants âgés de 0 à 18 ans. Les courbes INSERM 2 018 de taille et de poids se situent « nettement au-dessus » des courbes précédentes, tant pour le poids que pour la taille.
5 cm de plus en 40 ans
En ce qui concerne la taille, « à 10 ans, la médiane de la taille des filles » est d'après les nouvelles références « de 139,5 cm contre 134,7 cm sur les courbes tracées en 1979, soit quasiment 5 cm de plus », indique l'INSERM. Mais le comité d’expertise a dû introduire une nouvelle valeur, la « taille cible parentale », moyenne de la taille du père et de la mère, à laquelle on ajoute 13 cm pour les garçons ou on retire 13 cm pour les filles. On passe ainsi à une courbe quasi individuelle, à l’opposé d’une courbe universelle !
Concernant le poids, l'INSERM rappelle les recommandations de la Haute autorité de santé selon lesquelles le repérage du surpoids et de l’obésité de l’enfant doit reposer sur le suivi de la courbe de corpulence (c’est-à-dire de l’indice de masse corporelle) et non de la courbe de poids. À partir de deux ans, les courbes de corpulence représentées dans le carnet de santé sont celles proposées par l’International Obesity Task Force.
Repérage précoce avant 2 ans
De nouvelles courbes sont aussi proposées avant 2 ans afin de mieux visualiser le pic de corpulence autour de neuf mois. Elles doivent permettre de détecter précocement des maladies chez les enfants apparemment sains, sans pour autant inquiéter à tort les familles. Les courbes présentent d'autres changements parmi lesquels des courbes de poids et de taille différentes pour les garçons et les filles dès la période 0-3 ans. De même pour les courbes de périmètre crânien entre 0 et 5 ans qui elles aussi sont spécifiques garçon/fille.
L’intérêt des courbes étant le suivi des enfants, les médecins devront aussi intégrer l’origine sociale dans leur réflexion. En effet, les ouvriers ont plus souvent que les cadres des bébés de petit poids (9 % vs 6 %) et, à l'inverse, les cadres ont plus souvent des gros bébés que les ouvriers (8 % vs 6 %). Mais en grandissant, les courbes s'inversent et la surcharge pondérale présente un gradient social marqué, pour aboutir à une obésité, qui touche 6 % des bébés d’ouvriers, contre 1 % de bébés de cadres. Un enjeu sérieux, quand on sait que 19 % des enfants de cadres obèses à 6 ans le restent à l'adolescence contre 44 % des enfants d'ouvriers, 47 % des enfants d'employés et 50 % des enfants d'agriculteurs.
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