Organisés à l’initiative du Pr Vincent Laugel, neuropédiatre et chef de service au CHU de Strasbourg, des « ateliers des parents » permettent désormais aux médecins et aux familles de dialoguer une fois par mois dans une salle mise à disposition par l’hôpital.
Ces rencontres permettent selon lui de « revenir aux fondamentaux de la science et de casser les préjugés », une formule qui commence à trouver son public : diffusés en direct sur la page Facebook et le site internet du CHU (www.chru-strasbourg.fr/atelierdesparents) les premiers ateliers ont déjà été suivis par plusieurs milliers d’internautes, qui ont aussi la possibilité de poser des questions. Pour faire le point sur les écrans, les ateliers ont donné la parole à deux pédiatres et une puéricultrice, après avoir fait le point sur l’ampleur du phénomène : au Royaume-Uni, 75 % des enfants âgés de 3 à 36 mois sont déjà exposés 24 minutes par jour aux tablettes et 200 minutes à la télévision. À 11 ans, le total des expositions quotidiennes, tous écrans confondus, passe à 5,8h puis 8,5h à 15 ans.
Le « bon usage » d’internet
Le Pr Carmen Schroder a cité plusieurs études qui montrent que le développement du langage est ralenti par la télévision, les enfants de 6 mois fortement exposés vocalisant moins que les autres. De même, les dessins d’enfants de 3 ans placés devant un écran plus de trois heures par jour sont beaucoup moins élaborés que ceux des enfants exposés moins d’une heure. On savait déjà que, chez les 6-12 ans, la réussite scolaire est inversement proportionnelle au temps passé devant la télévision, mais l’on découvre aussi que le risque d’être victime de harcèlement scolaire à 6 ans est plus élevé chez les gros consommateurs de télévision. À l’inverse, on ne peut trouver de lien clair entre la violence vue sur les écrans et les comportements violents. Les pédiatres recommandent aux parents d’éviter toute télévision et DVD avant l’âge de trois ans, et soulignent l’inutilité des programmes conçus pour ces enfants.
Et le Pr Pierre Kuhn a rappelé enfin la corrélation évidente entre la télévision et l’obésité, à tous les âges de l’enfance, encore plus si la télévision est dans la chambre de l’enfant ou s’il grignote en la regardant. Le « bon usage » d'internet a occupé la fin de la rencontre, avec les avantages, mais aussi les risques du web, que ce soit en matière de manque de sommeil, de troubles de l’humeur et de l’attention, de consommation de substances et de conséquences métaboliques et sociales. Pour les parents présents dans la salle, venus parfois avec leurs enfants, les questions concrètes portent surtout sur la « durée maximale par jour » que peuvent conseiller les médecins… une réponse que ceux-ci évitent justement de donner trop catégoriquement, tant le contexte varie d’un comportement et d’un jeune à l’autre.
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