En France, plus de 7 000 personnes atteintes de mucoviscidose sont recensées et un enfant naît avec cette affection tous les trois jours.
La maladie, due à la perte de fonction de la protéine cystic fibrosis transmembrane conductance regulator (CFTR) suite à une mutation génétique, se caractérise par des infections respiratoires basses, récurrentes, à bactéries opportunistes, et une inflammation à prédominance neutrophilique. La répétition de ces épisodes infectieux associés à l'inflammation entraîne, à terme, des lésions pulmonaires et des bronchectasies, conduisant à l'insuffisance respiratoire terminale, première cause de décès dans cette pathologie.
De plus en plus de patients adultes
Alors qu’elle ne dépassait pas 7 ans il y a quelques décennies, l’espérance de vie des malades a considérablement augmenté ces dernières années. Selon le dernier registre de la mucoviscidose, une progression de 4 ans de l’âge médian des patients (19,4 ans) a été observée en 10 ans et le taux de patients adultes atteint désormais 54 %. « La France a été un des premiers pays à mettre en place un dépistage néonatal systématique de la mucoviscidose, en 2002 [ce qui] a été l'occasion de créer des centres de ressources et de compétences de la mucoviscidose » (CRCM), avance le Dr Pierre Foucaud, responsable du CRCM du service de pédiatrie du centre hospitalier de Versailles, pour expliquer ces bons résultats. « Il y a aussi le soutien institutionnel des plans maladies rares qui ont été un moyen de structuration fort des soins », ajoute-t-il. « Nous sommes également un pays où un patient adulte sur 5 est greffé », fait remarquer le pédiatre. Un chiffre auquel s’ajoute celui d’un patient sur 10, inscrits au registre mucoviscidose, porteur d'un greffon. Enfin, l’état fonctionnel des patients greffés s’est amélioré : le VEMS médian par âge a augmenté de 15 % chez l'enfant entre 1995 et 2015 et de 24,1 % chez l'adulte.
Corriger les dysfonctionnements de CFTR
Du côté des thérapies, de grands espoirs se fondent sur les molécules capables de corriger ou de potentialiser les fonctions de CFTR. L’ivacaftor améliore significativement la fonction respiratoire, la prise de poids et les taux de chlore chez les patients ayant une mutation G551D. En revanche, il ne réduit pas les médiateurs de l'inflammation au niveau pulmonaire. La combinaison umacaftor/ivacaftor permet de réduire la baisse de la fonction pulmonaire sans entraîner d'effet secondaire important chez les patients de moins de 12 ans souffrant de mucoviscidose, homozygotes pour la mutation F508del au sein du gène CFTR, Selon une étude randomisée de phase 3 publiée dans le « Lancet Respiratory Medicine »*. Ces résultats confirment d'autres études menées sur cette population particulièrement sévère de patients à un stade précoce de la maladie. Enfin, des résultats positifs ont été obtenus pour l’association d’ivacaftor et du nouveau correcteur VX-661 (tezacaftor) dans deux études de phase 3.
Cibler l’inflammation
Les recherches portent également sur des molécules anti-inflammatoires après la mise en évidence, par un essai prospectif randomisé en double aveugle, d’une amélioration de la fonction respiratoire sous glucocorticoïdes versus placebo. L'ibuprofène à fortes doses a également permis de réduire le déclin de la fonction respiratoire dans un essai prospectif de 4 ans. Cependant, le recours à ces traitements est limité en pratique clinique par leurs effets secondaires. La prescription d'azithromycine, une autre voie possible, permet notamment de réduire la fréquence des exacerbations et de la toux chez des patients non infectés par P. aeruginosa. Enfin, de nombreux traitements ciblant des médiateurs spécifiques de l'inflammation font l'objet d'évaluations, tout comme des molécules utilisées dans d'autres maladies inflammatoires.
Nouveau plan d’action pour VLM
En milieu d’année, l’association Vaincre la mucoviscidose (VLM), premier financeur de la recherche en France sur cette pathologie, a dévoilé son nouveau plan d’action pour la recherche et les droits des patients, « Cap 2020 ». Ce plan s’articule autour de 4 axes prioritaires : les nouvelles thérapeutiques ; la qualité de la prise en charge, notamment des patients adultes de plus en plus nombreux avec, en ligne de mire, une réorganisation des CRCM ; l’accompagnement psychosocial, de manière « à promouvoir et à défendre encore davantage les droits des patients » ; le développement des actions de lobbying, notamment auprès des décideurs politiques, et de collecte de fonds.
*Ratjen F. et al. Lancet Respir Med 2017 ; DOI : 10.1016/S2213-2600(17)30215-1
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