Une rigoureuse étude randomisée menée au Malawi montre que chez les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère sans complication et traités à domicile par les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (RUTF), l’ajout d’une antibiothérapie à base d’amoxicilline ou de cefdinir pendant 7 jours améliore nettement les taux de guérison et de survie.
La malnutrition aiguë sévère (MAS) affecte près de 20 millions d’enfants dans le monde et contribue chaque année au décès de plus d’un million d’enfants. En dépit des progrès thérapeutiques de ces dix dernières années avec l’arrivée des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE, ou RUTF pour Ready to Use Therapeutic Food) qui permettent de traiter en ambulatoire les enfants agés de plus de 6 mois et sans complication médicale, on observe encore une mortalité de 10 à 15% chez les enfants traités.
L’observation d’infections garaves et fréquentes chez les enfants hospitalisés pour malnutrition sévère a conduit à recommander une antibiothérapie même pour les enfants qui sont traités en ambulatoire. Toutefois, cette recommandation n’a pas été testée dans un essai clinique, et des données rétrospectives ont suggéré l’inutilité, voire l’effet néfaste, de l’antibiothérapie chez les enfants malnutris sans complication médicale.
Pendant 7 jours.
Une étude de Trehan et coll., publiée dans le New England Journal of Medicine apporte maintenant la preuve du bénéfice de l’antibiothérapie.
Deux mille sept-cent soixante-sept enfants (6 mois à 5 ans) diagnostiqués en zone rurale du Malawi avec une malnutrition aiguë sévère (très faible rapport poids/taille et/ou œdème) sans complication ont été randomisés, en double insu, afin de recevoir l’amoxicilline (80 mg/kg/j), le cefdinir (14 mg/kg/j), ou un placebo pendant 7 jours, en complément de la nutrition par le RUTF.
Dans les groupes amoxicilline, cefdinir, et placebo les taux de guérison sont respectivement de 89%, 91% et 85% et des taux de mortalité de 5%, 4% et 7,5%. Ainsi, les enfants recevant l’amoxicilline ont 25% de chances en plus de guérir et leur risque de décès est réduit de 35%, tandis que ceux recevant le cefdinir ont 40% plus de chances de guérir et leur risque de décès est réduit de presque 45%.
Un surcout faible
Ces résultats suggèrent donc que les enfants atteints de MAS non compliquée et traités à domicile restent à risque d’infection bactérienne sévère, justifiant l’inclusion systématique d’une antibiothérapie dans leur prise en charge. En outre, les coûts de l’amoxicilline (2,67 dollars par enfant) et du cefdinir (7,85 dollars) sont relativement faibles comparés au cout du RUFT (50 dollars dans l’étude).En complément
"Ces résultats sont importants car nous pouvons maintenant affirmer que les enfants atteints de MAS sans complication doivent recevoir une antibiothérapie et cet ajout relativement peu couteux augmente considérablement la proportion d’enfants qui guérissent de MAS", a déclaré au Quotidien le Dr Indi Trehan (Washington University, St Louis, Etats-Unis).
Des études devront confirmer ces résultats dans d’autres régions (Afrique de l’Ouest et Asie). Les chercheurs aimeraient aussi explorer s’il est possible de définir une sous-population d’enfants à risque qui pourrait bénéficier le plus de l’antibiothérapie.
Trehan et coll., New England Journal of Medicine, 31 janvier 2013, p 425.
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