Le généraliste, interlocuteur de choix
L’allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois de vie préconisé par l’OMS n’est adopté que par 20 à 25 % des nouvelles mères en France et un sevrage précoce réalisé faute d’informations. Le médecin généraliste, au plus près de ces femmes revenues à leur domicile dès le troisième jour, souvent désemparées, est l’interlocuteur de choix pour balayer les inquiétudes sur la quantité et la qualité du lait maternel (jugé insuffisant et/ou peu nourrissant) et les rares contre-indications à l’allaitement (herpès, abcès collecté, médicaments*, etc.).
Sans attendre les pleurs
Le volume du sein, glande mammaire entourée d’un tissu conjonctif et d’un tissu adipeux (surtout), n’est pas un indicateur fiable de la production de lait à venir. Une fois secrété, sous l’influence de la prolactine, puis excrété grâce à l’ocytocine (la sécrétion de ces deux hormones étant stimulée par l’involution utérine, la succion du mamelon et la vidange régulière des acini), le lait est éjecté par les canaux galactophores vers le mamelon. Il est d’abord désaltérant, ensuite satiétogène parce que plus riche en lipides.
L’enfant doit être mis au sein, sans attendre les pleurs, le visage face au sein et le ventre contre celui de sa mère, bouche grande ouverte englobant le mamelon jusqu’aux limites de l’aréole, tête légèrement basculée en arrière et menton collé au sein.
Après les premiers jours où le nouveau-né est mis aux deux seins à chaque tétée pour stimuler la montée laiteuse, il est mis alternativement à un sein puis l’autre : il s’agit en effet de bien vider un sein avant de proposer le second, afin que le bébé profite du lait riche en lipides de fin de tétée et que l’hypophyse soit plus sûrement sollicitée grâce à la vidange complète des acini. En cas de prématurité par exemple (quand l’enfant n’est pas 24 heures/24 avec sa mère), une mise au sein régulière ou l’utilisation d’un tire-lait suffit à déclencher une bonne montée laiteuse.
Problèmes
Lors des premières succions, les femmes, multipares en particulier, sont plus sensibles aux « tranchées » déclenchées par la sécrétion d’ocytocine ; elles sont soulagées par des antalgiques simples (pas d’antispasmodique).
En cas de crevasse, il faut revoir la position d’allaitement, éviter d’appuyer le doigt sur le sein pour dégager le nez du bébé, donner des conseils d’hygiène raisonnée (et étaler sur l’embryon de crevasse le lait de fin de tétée, alors cicatrisant), adopter un « bout de sein » le temps de la cicatrisation et renoncer au tire-lait qui aggrave les lésions.
Autre difficulté, l’engorgement qui apparaît lorsque le nouveau-né n’arrive pas à bien téter au tout début. Il est conseillé de doucher le sein à l’eau chaude, de masser l’aréole en exprimant le lait du mamelon et, quand le sein est plus souple, de mettre le bébé au sein, d’appliquer éventuellement une pommade anti-inflammatoire. Une lymphangite, née d’une stase laiteuse, ne signifie pas que le lait est infecté : la maman est invitée à allaiter 10 à 12 fois par jour en commençant par le sein douloureux (qui l’est extrêmement). Un abcès, dont on peut palper le noyau dur, donne de la fièvre (davantage qu’une lymphangite), laisse sur la compresse une trace jaunâtre et ne contre-indique pas l’allaitement au sein controlatéral. Enfin, une candidose mammaire est à l’origine d’une douleur (comme du verre pilé tout au long de la tétée) et d’un muguet de l’enfant, obligeant à un traitement conjoint et prolongé.
Entretiens de Bichat. D’après la communication du Dr Isabelle Girard, service de néonatologie, Soins intensifs et Suites de couches à l’Hôpital Armand Trousseau (Paris).
* Centre de référence sur les agents tératogènes : www.lecrat.org
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