Classe de 6e
Une première étude sur les conséquences du divorce chez les enfants a été réalisée en 1995-1996 (1)
3 098 enfants de classe de 6e ont rempli, après accord des parents, un questionnaire anonyme en présence du médecin scolaire.
Selon les données recueillies sur la situation familiale en 1996, 82,3 % vivent avec leurs deux parents, 15 % ont des parents séparés, 2,8 % ont au moins un parent décédé.
Parmi les enfants de parents séparés, 85,5 % vivaient avec leur mère dont 23 % sans contact avec leur père, 28 % avec des contacts répétés avec leur père ; le reste ayant des contacts épisodiques ; 9 % vivaient avec leur père, le reste en résidence alternée.
Baisse de l’estime de soi
L’estime de soi, indicateur de bonne santé psychique, a été évaluée par le test de Coopersmith. Il apparaît en premier lieu que les enfants de parents séparés avaient un score moyen moins bon que ceux de familles unies avec une différence plus significative chez les filles que chez les garçons.
Les enfants en résidence alternée (17 enfants) avaient un meilleur score que les enfants en résidence principale. L’absence de visites du père en cas de résidence principale chez la mère n’affecte pas le score alors que des visites erratiques ont un impact négatif ; quant au statut socio-économique des parents il ne retentit pas sur les scores.
Ces résultats étaient globalement conformes à ceux des études anglo-saxonnes, sauf en ce qui concerne les effets des conflits parentaux persistant longtemps après la séparation, dans cette première étude la présence de conflits persistants entre les parents n’avait pas été vérifiée.
Résidence alternée
Cette étude a été refaite en 2008-2009 avec la même méthodologie en incluant cette fois le conflit parental et en conservant la variable « résidence alternée » pour vérifier les effets de la loi du 4 mars 2002 instituant la possibilité pour le juge d’indiquer cette possibilité.
Dans cette seconde étude, portant sur 2 017 enfants en classe de sixième, les auteurs ont retrouvé une différence significative en terme d’estime de soi entre les enfants de parents séparés et ceux vivant avec leurs parents.
L’examen des deux courbes montre que la différence est essentiellement due à la surreprésentation des enfants de parents séparés dans les notes extrêmement basses. Mais il faut noter, souligne le Pr Gérard Poussin, qu’entre les deux études, c’est-à-dire en douze ans, la proportion d’enfants de parents séparés est passée d’environ 15 % à près de 25 %.
En ce qui concerne l’influence du type de résidence sur le score d’estime de soi, la différence reste en faveur de la résidence alternée mais la différence n’est plus significative que chez les garçons. Là encore, on note une évolution de 3,8 % en 1996, la proportion d’enfants vivant en résidence alternée passant à un peu plus de 20 % en 2009.
Conflits parentaux
Il apparaît que 9,1 % de tous les enfants déclarent que leurs parents se disputent tous les jours. Les effets du conflit parental jouent un rôle majeur dans l’estime de soi de ces enfants. Le score moyen d’estime de soi est nettement plus bas en cas de conflit parental (29,94 vs 36,06), surtout lorsque les enfants ont un sentiment de culpabilité face à ce conflit (29,14 vs 36,48) et ce, quel que soit le mode de résidence.
En revanche, s’il y a conflit parental, la différence entre enfants de famille unie et enfants de parents séparés disparaît (29,81 vs 29,97).
Ces deux études successives à douze ans d’écart sur une population française représentative donnent des résultats conformes à ceux des études faites dans les pays anglo-saxons en ce qui concerne l’effet de la séparation parentale sur l’enfant. Ces résultats soulignent l’importance des conflits parentaux qui perdurent après le divorce. En revanche ils relativisent les effets de la régularité des visites à l’autre parent en cas de résidence principale et ceux du mode de résidence (principale ou alternée).
Entretiens de Bichat 2 011. Communication du Pr G. Poussin (Professeur Emérite, Université Pierre Mendes France, Grenoble).
1. E. Martin-Lebrun, G. Poussin, T. Barumandzadeh, M. Bost. Conséquences psychologiques de la séparation parentale chez l’enfant Arch Pédiatr 1997;4:889-892.
2. G. Poussin et E. Lebrun-Martin French Studybof children’s Self-esteem after Parental Separation. International Journal of Law, Policy and the Family 2002;16: 313-326.
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