QU’ENTEND-ON par malaise du nourrisson ? « C’est un accident inopiné et brutal, responsable de modifications du tonus et/ou de la coloration des téguments avec ou sans apnée ou perte de connaissance », explique le Dr Pierre Foucaud (centre hospitalier de Versailles). Ces malaises touchent les nourrissons de 1 à 6 mois, à l’âge de 3 mois en moyenne, avec une plus grande fréquence chez les garçons. « Malgré l’anxiété engendrée par un tel épisode, ce n’est pas un signe d’alerte de risque de mort subite, sauf exception, mais généralement le révélateur d’une pathologie aiguë bénigne. La première étape doit être d’authentifier l’accident, de faire la part entre physiologie et pathologie. La règle est d’hospitaliser tout malaise avéré sous monitorage cardio-respiratoire afin de réaliser quelques examens complémentaires, de s’assurer de la bonne évolution clinique et de rassurer les parents », précise le Dr Foucaud.
L’interrogatoire est essentiel afin d’obtenir une description aussi précise que possible des circonstances et des symptômes. Il faut aussi rechercher les antécédents, notamment une prématurité et des régurgitations, ainsi que des modifications du comportement dans les jours ou heures précédant le malaise. « L’examen clinique est normal dans 85 % des cas, note le Dr Foucaud, mais il faut toujours rechercher un traumatisme et mener un examen neurologique approfondi ». Quelques examens complémentaires sont indispensables : prélèvement sanguin avec NFS, CRP, ionogramme, glycémie, calcémie, transaminases, plus, suivant les cas, CPK, lactates et gaz du sang, radiographie du thorax et ECG. Lorsqu’une étiologie neurologique est envisagée, un EEG, un fond d’il et un scanner cérébral doivent compléter le bilan.
Les étiologies les plus fréquentes sont :
- une apnée obstructive due à un vomissement, une fausse route ou à l’administration d’un médicament à la pipette ; chez le très jeune enfant, une rhinite obstructive peut aussi être en cause ; le malaise se présente comme un accès de suffocation après une toux brève avec cyanose et hypertonie précédant une hypotonie ;
- un reflux gastro-sophagien, survenant chez un enfant éveillé, peu après un repas lacté, lors d’un changement de position ; le malaise se manifeste par un accès de pâleur brutale avec parfois cyanose péribuccale et apnée ;
- une douleur aiguë, s’accompagnant d’un accès de pâleur avec hypotonie, il peut s’agir d’un traumatisme, d’une invagination intestinale, plus rarement d’une hémorragie intra- ou péricérébrale, exceptionnellement d’une ischémie myocardique par implantation coronaire ectopique ;
- une infection avec composante encéphalitique ; la coqueluche, la grippe, le VRS ou une adénovirose peuvent se manifester initialement par un malaise dû à une apnée centrale ou mixte, la fièvre et les signes respiratoires apparaissant dans un second temps ;
- une intoxication par l’oxyde de carbone ;
- une origine neurologique, à évoquer devant un enfant somnolent grognon, avec une fontanelle bombant et une hypotonie axiale ; notamment, il faut rechercher une hémorragie cérébrale, le plus souvent d’origine traumatique, il peut s’agir d’un accident ou de sévices.
Il existe bien d’autres étiologies, mais elles sont rares et ne sont donc envisagées qu’après élimination des causes les plus fréquentes et dans certaines circonstances particulières. Citons par exemple, le syndrome du QT long, un accès de tachycardie ventriculaire, ou, dans un tout autre registre, un syndrome de Münchausen par procuration
Session d’actualité en pédiatrie présidée par le Pr Danièle Sommelet (Nancy) avec la participation des Drs Irène Lemelle (CHU de Nancy) et Pierre Foucaud (CH de Versailles) et du Pr Judith Landman-Parker (hôpital Trousseau, Paris)
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