AFIN D’AMÉLIORER les résultats de la mise en place des prothèses de hanche (PTH), il est crucial de reconnaître les mécanismes des échecs. Un peu comme après la mise sur le marché d’un médicament, la seule façon de se faire une idée du bien fondé de son utilisation est de mettre en place une évaluation de l’expérience en cours, expérience accumulant au fur et à mesure un nombre croissant de patients.
Une étude observationnelle prospective et multicentrique a été menée afin de déterminer les principales causes d’échec et les types de révisions réalisées en France.
Une cohorte de plus de 2 000 patients.
De janvier 2010 à décembre 2011, 2 162 premières reprises (ou révisions) consécutives de PTH (R1PTH) réalisées dans trente centres français référents ont été incluses de façon prospective. La révision était définie par le changement d’au moins une pièce prothétique. Cinquante-cinq (2,5 %) d’entre elles ayant été exclues pour insuffisance de données, la base de données de cette étude comporte 2 107 R1PTH : 56,9 % de femmes, âge moyen de 58,9 ± 13,9 ans (13,5-96,9) lors de l’arthroplastie primaire. Le diagnostic initial était une arthrose primitive dans 62,3 % des cas, une dysplasie dans 12,7 % et une ostéonécrose dans 8,7 % des cas. L’arthroplastie originelle était non cimentée sur le versant acétabulaire dans 61,9 % des cas et sur le versant fémoral dans 45,1 %, avec recours à une cupule à double mobilité pour 251 hanches (12,3 %).
L’intervalle de temps moyen entre l’arthroplastie totale originelle et la RPTH a été de 11,2 ± 8,2 ans (de 1 jour à 42 ans). L’age moyen lors de la révision était de 70,2 ± 13,1 ans (16,5-103,7).
Les causes de révision étaient un descellement mécanique (42,3 %), une fracture périprothétique (11,8 %), une infection (11,4 %), une usure/ostéolyse (10,9 %), une luxation (10,4 %), une erreur technique (4,8 %), une fracture/faillite d’implant (3,2 %) et d’autres causes diverses (4,4 %). La chirurgie de révision la plus fréquemment réalisée a consisté en un changement complet des implants (48,7 %), suivi par le changement des composants acétabulaires avec (28,9 %) ou sans changement de la tête prothétique (6 %), le changement des composants fémoraux avec (3,3 %) ou sans (7,8 %) changement de l’insert acétabulaire, le changement de l’insert et/ou de la tête prothétique (4,2 %) et l’ablation de la prothèse (1,1 %). Le mode de fixation utilisé lors de la révision a été non cimenté pour 54,4 % des implants fémoraux et 51 % des implants acétabulaires, avec recours à une cupule à double mobilité dans 1 184 hanches (61,9 %).
Un argument en faveur des registres de surveillance.
Comme en pharmacovigilance, on ne parvient à se faire une idée objective d’une solution prothétique donnée qu’en recensant, sur des séries prospectives de grande taille, les alternatives sélectionnées par les multiples chirurgiens poseurs d’implants sur des registres.
Les données de cette étude prospective multicentrique sont en accord avec celles fournies par les registres majeurs. Le nécessaire maintien d’une surveillance régulière et d’une évaluation à long terme des arthroplasties est un argument fort en faveur du développement du registre national des PTH que la SOFCOT s’efforce de mettre en place.
D’après la conférence d’enseignement dirigée par le Dr Christian Delaunay (Longjumeau) et le Pr Massou Hamadouche (Paris) et présentée par Romain Desmarchelier (Lyon), Denis Huten (Rennes), Matthieu Karoubi (Paris), Nicolas Reina (Toulouse), Thierry Siguier (Paris), Julien Girard (Lille), Olivier Roche (Nancy), Philippe Triclot (Rennes), Jean-Louis Prudhon (Echirolles), Emmanuel de Thomasson (Paris).
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