Pour éviter l’hypothermie

Tout nu pas plus de 25 minutes pour le premier bain

Publié le 17/01/2013
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Crédit photo : PHANIE

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BAIGNER bébé pour la première fois, c’est tout un programme. Si ce moment est fort en émotion et les gestes un peu gauches, il faut veiller à ne pas jouer les prolongations. Dans une petite étude menée en été dans la maternité de Neuilly-sur-Seine sur la tolérance du bain chez 51 nouveau-nés, deux sages-femmes montrent que le bébé ne doit pas rester tout nu pendant le soin plus de 25 minutes, sous peine de souffrir d’hypothermie.

Il faut environ deux heures au nouveau-né pour récupérer sa température initiale, d’où l’importance de la contrôler avant le bain. « Ce temps de récupération est plutôt long et il est important de prendre la température de l’enfant avant de lui donner le bain. » Ces réserves faites, l’étude conclut qu’« avec les pratiques actuelles, le premier bain en suites de couches est bien toléré par le nouveau-né », que l’opérateur soit un professionnel, un parent « novice » ou déjà expérimenté.

Comme un adulte nu à 0 °C

Dans la majorité des maternités, le premier bain est donné en suite de couches et non plus en salle de naissance. La raison principale à cela est d’éviter l’hypothermie car selon les recommandations de l’OMS « Un enfant exposé nu à une température ambiante de 23 °C à la naissance subit les mêmes pertes thermiques qu’un adulte nu à 0 °C ». Toujours selon l’OMS, un nouveau-né nu et mouillé ne devrait pas être exposé à une température ambiante inférieure à 32 °C, mais tolère une fois séché et couvert une température de 25-28 °C.

Autre argument pour le report du bain en suite de couches, il permet de faciliter l’établissement du lien mère-enfant dès la naissance. Concernant les conditions de ce bain, les quelques recommandations existantes sont discordantes entre les différents pays (bain après la première mise au sein aux États-Unis et en Suisse, ou après stabilisation des constantes au Canada). Il n’existe pas de recommandations françaises et l’OMS conseille, quant à elle, « un bain après la sixième heure de vie et de préférence au 2e ou au 3e jour de vie ».

Un effet apaisant sélectif

Dans cette petite étude francilienne, « une seule et même personne » a mesuré le score de douleur du nouveau-né DAN chez l’ensemble des 51 bébés. La majorité d’entre eux étaient nés à terme entre 39 et 41 semaines d’aménorrhée (SA) et plus de 72 % des bains ont été donnés par les parents. Aucune différence de tolérance n’a été remarquée, selon le terme ou le poids de naissance. Le score de douleur était significativement augmenté pendant le bain puis revenait à la normale. Sauf pour les bébés nés par voie instrumentale, qui étaient davantage apaisés par le bain avec « un score de douleur significativement plus bas deux heures après le bain par rapport aux autres nouveau-nés ».

Élément rassurant pour les « jeunes » parents, aucune différence de tolérance n’a été constatée entre des parents « primipares peu à l’aise » et le personnel ou des parents plus expérimentés. De plus, contrairement à l’hypothèse de départ que la faim rendrait le bain plus pénible, l’heure de la dernière tétée n’a pas influé sur le score de douleur. Autre constat, le bain semble aussi bien toléré au 1er qu’au 2e jour de vie, ce qui remettrait en question la recommandation de l’OMS à ce sujet (cf. plus haut). Mais, comme le soulignent les auteurs, ce dernier résultat ainsi que d’autres tels que l’effet apaisant chez les bébés algiques mériteraient d’être confirmés dans une étude à plus grande échelle.

La revue de la sage-femme, 2 012 (11), 255-259.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 9210