La plagiocéphalie positionnelle

Un mal pour un bien ?

Publié le 12/11/2015
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1 : aplatissement occipital2 : avancée homolatérale de l’oreille3 : Avancée homolatérale de la...

1 : aplatissement occipital2 : avancée homolatérale de l’oreille3 : Avancée homolatérale de la...
Crédit photo : DR

La plagiocéphalie positionnelle est une déformation acquise de la voûte crânienne du nourrisson, soumise à des pressions extérieures sans anomalie des sutures. Elle peut être unilatérale (le plus souvent) ou bilatérale donnant un aspect de crâne plat.

La prévention reste à développer. Tout praticien au contact d’une femme enceinte ou d’un nourrisson devrait connaître les facteurs de risque afin de sensibiliser les parents : le sexe masculin, le décubitus dorsal strict prolongé, la présence d’un torticolis, une position préférentielle de la tête, la première grossesse, la grossesse multiple, la méthode d’alimentation, l’hypotonie, la prématurité et la macrocéphalie. Il faut éduquer les parents sur la nécessité de mobiliser l’enfant et de privilégier le décubitus ventral lors des périodes d’éveil. La position allongée sur le ventre accélère les acquisitions psychomotrices et tonifie la musculature cervicale postérieure. Ces muscles insérés sur l’écaille occipitale luttent par traction contre l’aplatissement occipital.

Un diagnostic clinique

La déformation devient évidente au 2e mois et s’aggrave progressivement la première année, en dehors d’une prise en charge adaptée. L’examen clinique permet le diagnostic, aucun examen radiologique n’est nécessaire. L’inspection recherche une inclinaison latérale de la tête témoignant d’un torticolis, d’une diplopie avec attitude compensatrice du chef ou d’une anomalie de la charnière craniovertébrale. La mesure du périmètre crânien est systématique et reste dans des valeurs normales. La palpation des sutures permet de mobiliser les plaques osseuses les unes par rapport aux autres.

L’examen en vue supérieure est la clef du diagnostic permettant d’évaluer de façon globale la morphologie crânienne et d’affirmer le caractère positionnel de la déformation. En vue supérieure, le crâne est déformé en parallélogramme : l’aplatissement occipital est associé à une avancée homolatérale de l’oreille et de la bosse frontale ainsi qu’à une bosse pariétale compensatrice controlatérale (schéma). La distance tragus-cantus externe est diminuée du côté atteint témoignant de l’avancée du rocher homolatéral dans les craniosténoses vraies, la bosse frontale homolatérale est en retrait, la bosse frontale controlatérale est avancée.

Pas de casque

L’évolution spontanée, en dehors d’un torticolis non traité, se fait vers la normalisation de l’arrière crâne à l’âge de 2 ans. Le traitement de référence associe des conseils de positionnement du bébé et des séances de kinésithérapie pour améliorer la mobilité de la tête et du cou. La prescription d’un casque de remodelage crânien a quasiment disparu (seuls 2 services de neurochirurgie le prescrivent). Aucune étude de qualité ne justifie son utilisation. La diffusion du casque est le fait de bouche à oreille, probablement plus à visée mercantile que médicale.

Hôpital de la Timone, Marseille
Pr Didier Scavarda

Source : Bilan spécialiste