L’homme augmenté, qui surpassera de beaucoup les capacités humaines actuelles, notamment sur le plan de l’intelligence, devrait, selon les transhumanistes, être une réalité d’ici 2050. Sinon, l’humanité sera vassalisée par l’intelligence artificielle qui aura acquis la conscience de sa propre existence, alors qu’aujourd’hui elle s’ignore. Prophéties démentielles ? Attention toutefois, les prophètes en question comptent parmi les plus grands esprits de la planète.
105 000 dossiers et ce n’est pas fini
Le pneumologue augmenté commence d’ailleurs à poindre. Il cherche déjà à améliorer ses connaissances qui reposeront de plus en plus sur des bases gigantesques de données. Paradoxalement, ces big data permettront une personnalisation très précise des soins à la personne malade. Déjà l’Observatoire sommeil de la Fédération de pneumologie (OSFP) constitue la plus grande base mondiale de données médicales sur le SAS (105 000 dossiers et ce n’est pas fini), 4 500 appareils de pressions positives continues (PPC) transmettent quotidiennement leurs données, et les malades alimentent leur propre base de données avec leur ressenti des traitements (« patients reported outcomes »). Le croisement de ces différentes données est source inépuisable de connaissances.
Seules les données anonymisées (malades et médecins) servent à améliorer les connaissances médicales et organisationnelles. La question de la confiance est primordiale. Chaque patient, et lui seul, voit ses propres données et décide ou non de les communiquer à son médecin. Chaque médecin, et lui seul, voit ses dossiers et le télésuivi de ses propres malades. Personne n’est jugé. Les données recueillies sont totalement anonymisées et hébergées sur des serveurs agréés ASIP.
L’expérience réussie du programme territoire de soins numériques en Auvergne Rhône Alpes
Soit, me direz-vous, mais tout cela repose sur le bénévolat. À l’aube du paiement à la performance (qui va entrer en application dès 2018 pour les prestataires de services à domicile), les incidences financières seront rapidement tangibles et les données recueillies vous permettront de prouver facilement la qualité de vos pratiques. Pour l’expérimentation du dossier patient SomRespir, dans le cadre du programme territoire de soins numériques en Auvergne Rhône Alpes, le contrat de télémédecine signé entre la FFP et l’ARS a permis de rémunérer les médecins effectuant le télésuivi. Cette expérimentation s’étant avérée positive souhaitons que cela soit généralisé un jour !
Les expérimentations de tarifications pour la télésurveillance de la ventilation non invasive (VNI) débutent. L’OSFP permet d’ores et déjà la télésurveillance de la VNI. Une rémunération de 146 €/an et par patient est prévue et l’acte ainsi que la lettre-clé correspondant ont été créés.
Pas le temps ?
« Mais je n’ai pas le temps ! », me direz-vous encore. Certes, mais les bases de données ne se constituent pas toutes seules et pour édifier l’édifice chacun doit apporter sa pierre. Il est essentiel que ces bases de données restent, pour la partie médicale, propriété de la profession, car les algorithmes qu’elles engendreront combinés entre eux sont la base de l’intelligence artificielle. Sinon vous serez vassaux d’algorithmes élaborés par d’autres qui vous diront ce que vous devez faire, quand, comment et qui, au passage, détermineront votre rémunération.
Alors tous vassaux ? ou humains médecins au service d’autres humains malades ? Choisissez, pendant qu’il est encore temps !
Fédération française de pneumologie
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