La conférence de consensus de l’American thoracic society (ATS) publiée en 1999 et reprise en 2012 définit la dyspnée comme étant « une expérience subjective d’inconfort respiratoire faite de plusieurs sensations élémentaires qualitativement distinctes, variant en intensité. Cette expérience est due à l’interaction de multiples facteurs physiologiques, psychologiques et comportementaux ».
Si un groupe d’experts français a récemment opté pour l’appellation « souffrance respiratoire persistante » pour qualifier le syndrome de dyspnée chronique, celle-ci reste toutefois encore à valider. L’approche diagnostique ne fait elle-même l’objet d’aucun consensus comme le confirme le professeur Christophe Delclaux, chef du service de Physiologie-Exploration de l’hôpital Robert Debré (Paris) : « Alors qu’elle représente certainement le deuxième motif de consultation après la douleur, la plainte liée à une dyspnée constitue un vrai problème de prise en charge diagnostique pour le médecin car il n’existe pas de recommandations en la matière ».
Face à un patient qui se présente pour une plainte d’essoufflement perçue comme potentiellement pathologique, le diagnostic va alors reposer sur un interrogatoire qui va permettre au médecin d’orienter l’exploration en fonction des réponses apportées. Cette plainte doit d’autant plus être prise au sérieux qu’elle a une importance pronostique indéniable en ce qu’elle constitue un facteur de mortalité indépendant des maladies cardiorespiratoires dans la population générale. « Il est bien établi dans la littérature qu’il n’y a globalement pas ou très peu de corrélation entre le niveau de dyspnée et les niveaux de fonctions cardiaque et respiratoire », confirme le Pr Delclaux qui rappelle cependant qu’ « un patient présentant une dyspnée d’effort a bien un risque augmenté de mortalité ».
Vers le cardiologue ou le pneumologue
Le premier problème qui se pose au médecin est d’évaluer la plainte selon plusieurs critères liés au patient lui-même et au contexte qui fait surgir la plainte d’essoufflement. « On doit d’abord essayer d’analyser dans quelles circonstances cette plainte intervient et s’il s’agit d’une dyspnée d’effort ou de repos pour éliminer certaines causes comme la maladie asthmatique ou les syndromes d’hyperventilation alvéolaire qui peuvent être associés à une dyspnée au repos », explique le Pr Delclaux. Cependant, « dans la majorité des cas, il s’agit de sujets de plus de 50 ans présentant un essoufflement à l’effort pour lequel les patients se demandent s’il est anormal. En effet, celui-ci peut s’avérer dans les limites des normes compte tenu de leur âge et de leur condition physique ».
Dans tous les cas, le médecin se doit d’interroger le patient sur ses antécédents cardiaques, l’existence ou non de douleurs thoraciques, ses antécédents de tabagisme et de pathologie respiratoire et l’orienter en conséquence (cardiologue et/ou pneumologue) pour effectuer des investigations. Bien que cela soit rarement le cas, « une cardiopathie ischémique peut être responsable d’une dyspnée d’effort isolée », reconnaît le Pr Delclaux. Le contexte non cardiologique doit également et absolument être évoqué à l’interrogatoire. « On doit ainsi, chez un patient tabagique qui présente une plainte d’essoufflement à l’effort, soupçonner l’existence d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et/ou d’un emphysème pulmonaire et l’adresser à un pneumologue pour qu’il évalue ces possibilités », conclut le Pr Delclaux.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024