Une enquête en médecine générale

La clinique seule est peu performante pour le diagnostic de pneumonie

Publié le 04/02/2013
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Crédit photo : MediaforMedical

LA PNEUMONIE est souvent diagnostiquée et traitée de façon empirique mais l’on a peu de données sur la pertinence de la seule l’évaluation clinique dans cette pathologie.

La question a fait l’objet d’une étude menée au sein du réseau européen GRACE (Genomics to combat Resistance against Antibiotics in Community –acquired LRTI in Europe) entre octobre 2007 et avril 2010 auprès de 294 médecins généralistes exerçant dans 12 pays européens. Ces praticiens ont examiné 2 810 patients qui les consultaient pour la première fois pour une toux aiguë ou une toux s’étant aggravée comme premier symptôme, et d’une durée inférieure ou égale à 28 jours. Ils rendaient leur diagnostic, absence ou présence de pneumonie, sur la base de l’anamnèse et de l’examen clinique. Dans la semaine suivant la consultation, une radiographie pulmonaire était réalisée par un radiologue qui, en dehors de la toux, ne disposait d’aucune autre information sur le patient.

Confirmation radiographique

Les médecins ont porté le diagnostic de pneumonie chez 72 patients (3 %). La radiographie pulmonaire a révélé une pneumonie chez 140 patients (5 %). Pour 41 d’entre eux (29 %) le diagnostic avait été posé cliniquement. 57 % des patients dont le praticien avait diagnostiqué une pneumonie ont vu ce diagnostic confirmé par la radiographie (valeur prédictive positive). Trente et un diagnostics cliniques de pneumonie (1 %) n’ont pas été validés par la radiographie.

Au total, dans cette étude, la valeur prédictive négative, la sensibilité et la spécificité du jugement clinique du médecin sont respectivement 96 %, 29 % et 99 %. Les patients chez lesquels le diagnostic de pneumonie a été porté sur la radiographie sans avoir été suspecté à l’examen clinique avaient une symptomatologie moins sévère que ceux dont le diagnostic a été fait cliniquement. Et l’on sait que ces pneumonies ont une évolution relativement plus bénigne. Par ailleurs, précisent les auteurs, les conséquences de ce diagnostic « manqué » seront limitées par le fait que les patients reconsulteront si leurs symptômes persistent ou s’aggravent.

Moins d’antibiotiques inutiles.

Les auteurs concluent que la haute valeur prédictive négative du jugement clinique des praticiens qui reflètent leur capacité à exclure le diagnostic de pneumonie est utile en pratique car elle leur permet d’éviter une antibiothérapie chez une large part de leurs patients. Toutefois, le fait que la majorité des pneumonies authentifiées par la radiographie n’ait pas été dépistée par l’examen clinique souligne la nécessité d’améliorer la pertinence du diagnostic clinique de cette pathologie.

van Vugt SF et coll. ERJ Express publié en ligne le 24 janvier 2012

Dr HÉLÈNE COLLIGNON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9215