Le port en continu de protections, tels que les masques chirurgicaux, constitue-t-il un risque pour les patients ayant une fonction pulmonaire dégradée, et notamment les patients atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) sévère ? Jusqu'à présent, seules des études observationnelles et épidémiologiques soutenaient le rapport bénéfice/risque de l'utilisation du masque chirurgical pour de tels patients.
Des médecins de l'hôpital du Memorial Jackson de Miami et de l'école universitaire de Miami Miller ont monté un protocole expérimental pour trancher la question. L'objectif était de s'assurer que le port en continu du masque n'expose pas à un risque élevé d'inhalation de CO2 et d'hypoxémie. Ils concluent à une absence de risques liés au port du masque. « La question du masque dans l'espace public est devenue très politique », expliquent-ils dans l'introduction de leur article paru dans les « Annals of the American Thoracic Society ». Ils évoquent un récent sondage, mené au Royaume-Uni, selon lequel seulement 29,7 % des Britanniques considèrent que porter un masque chirurgical est « très efficace » pour se protéger contre l'infection Covid-19.
Saturation en oxygène inchangée
Les auteurs ont mesuré la quantité de CO2 expirée en fin d'expiration (ETCO2) et la saturation en oxygène avant et après le port d'un masque chirurgical chez 15 professionnels de santé en bonne santé (âge moyen : 31,1 ans) et chez 15 patients souffrant de BPCO sévère (71,6 ans d'âge moyen, volume expiratoire forcé moyen de 44 %). Les patients sélectionnés devaient tous avoir un volume expiratoire forcé inférieur à 50 % après prise d'un bronchodilatateur.
Il n'y avait pas de différence significative en ce qui concerne l'ETCO2 et la saturation en oxygène mesurée avant, puis 5 et 30 minutes après le port du masque. Les participants ont tous été soumis à un test de 6 minutes de marche avec et sans masque chirurgical couvrant le nez et la bouche. Il n'y avait alors pas de changement significatif chez les volontaires sains. Chez les patients souffrant de BPCO, on observait effectivement une diminution de la saturation en dioxygène, mais de façon identique avec et sans masque chirurgical.
Réactions neurologiques et anxiété
Concernant les plaintes d'impression d'étouffement régulièrement formulée par le grand public, les auteurs les attribuent à une réaction neurologique provoquée par une élévation locale de la température, au niveau des régions hautement thermosensibles de la face. Autre coupable potentiel : l'augmentation de la température et du taux d'humidité de l'air inspiré. Ils évoquent aussi une impression de difficulté respiratoire induite par l'anxiété, la claustrophobie et d'autres réponses affectives.
Précision importante, ces résultats ne concernent que les masques chirurgicaux. Des données semblent indiquer que l'utilisation de masque FFP2 entraîne des variations de la saturation en oxygène chez des sujets sains. Leur impact sur des patients fragiles atteints de BPCO sévère reste à évaluer.
R Samannan et al. Annals ATS, 2020, doi.org/10.1513/AnnalsATS.202007-812RL
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