« Cette épidémie de Covid-19 va continuer à mobiliser les pneumologues pendant longtemps, notamment avec le suivi post-hospitalisation. Chez un grand nombre de patients atteints par une forme grave de ce coronavirus, on constate des séquelles respiratoires parfois importantes. Et cela pèse nécessairement sur l’activité pneumologique. Dans mon service, 50 % des lits sont en permanence occupés par des patients Covid », souligne le Pr Jesus Gonzalez-Bermejo, chef de service du SSR respiratoire de l’hôpital de Pitié Salpêtrière et professeur à la faculté de médecine Sorbonne-Université.
Même si les études fouillées sur le sujet manquent encore un peu, il apparaît aujourd’hui clairement qu’une part non négligeable des malades hospitalisés en réanimation ou en soins intensifs pour la Covid gardent des atteintes respiratoires. « C’est le cas de 70 % des patients à 3 mois, selon une étude que nous venons de publier avec nos collègues de Bichat (AP-HP), et d’environ 30 % à un an pour une étude chinoise sur 2 000 malades, indique le Pr Gonzalez-Bermejo. Ces atteintes respiratoires sont parfois très handicapantes. Cela diminue au fil du temps mais c’est assurément un problème de santé publique et un défi à relever pour les pneumologues hospitaliers et libéraux car, dans le même temps, nous devons continuer à prendre en charge nos patients habituels. »
Syndromes d’hyperventilation
Chez des patients atteints de formes moins graves de Covid, les kinésithérapeutes et les pneumologues voient aussi un nombre relativement important de syndromes d’hyperventilation. « Là encore, je n’ai vu aucune étude qui documente réellement ce phénomène mais c’est vraiment un constat que nous sommes nombreux à faire. On a du mal à savoir si ce syndrome plus fréquent chez les patients post-Covid ou si en voit beaucoup simplement parce que leur nombre global est très élevé. Mais ce qui est certain, c’est cette hyperventilation peut être très handicapante. On voit certains patients avec des séquelles minimes de Covid et qui ont le sentiment d’étouffer complètement », souligne le Pr Gonzalez-Bermejo.
Dans l’ensemble, les patients qui souffraient de pathologies respiratoires avant l’irruption du coronavirus ont été un peu épargnés. « Parce qu’ils se sont très bien protégés et sont très peu sortis de chez eux . Mais forcément, cette prudence s’estompe parfois avec le temps et désormais, on voit aussi un peu plus de patients BPCO être touchés, indique le pneumologue, en évoquant aussi le cas de patients obèses ou en surpoids. L’appareillage central en post-hospitalisation reste l’oxygénothérapie à domicile [lire ci-dessous]. Mais ensuite, ce sont les appareils de pression positive continue pour les patients qui font de l’apnée du sommeil. En très grande majorité, il s’agit de patients obèses. Ce n’est pas une réelle surprise car on sait qu’elles peuvent être nombreuses chez ces patients. Mais, avec cette crise sanitaire, le phénomène est important et très visible. »
Dans leurs consultations, les pneumologues voient aussi un certain nombre de patients présentant des syndromes post-Covid inexpliqués. « Il y a ce qu’on appelle les Covid longs, sans qu’il soit toujours possible d’objectiver ce dont souffrent certains patients. Sans nier ce que vivent ces personnes, il est possible que certains syndromes aient pu se construire à partir d’une souffrance vécue pendant toutes ces semaines d’infection au Covid, indique le Pr Gonzalez-Bermejo, en insistant, par ailleurs, sur les séquelles parfois importantes liées au passage en réanimation. Certains patients gardent des séquelles musculaires ou neuropériphériques qui peuvent empêcher la reprise d’une vie sociale ou professionnelle ».
Entretien avec le Pr Jesus Gonzalez-Bermejo, chef de service du SSR respiratoire, hôpital de Pitié Salpêtrière, Sorbonne-Université
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