La bronchite chronique est considérée comme un phénotype de bronchopneumopathie obstructive (BPCO). Néanmoins, certaines ne sont associées à aucune obstruction. Y a-t-il un continuum systématique entre BPCO et bronchite chronique non obstructive ? La question reste ouverte. Pour y voir plus clair, une équipe américaine s’est attachée à analyser l’impact pulmonaire à long terme de ces bronchites dans une vaste cohorte américaine (1).
Une vaste cohorte américaine
Au total, plus de 22 000 sujets dont le suivi, notamment spirométrique, était accessible, ont été retenus. Ils sont issus de cinq cohortes constituées entre 1971 et 2007, suivies jusqu’en 2018. Tous ces patients, de 53 ans d’âge médian (18-95 ans), dont 60 % de femmes, ne présentaient ni obstruction (VEMS/CVF < 0,70) ni asthme à l’inclusion.
Parmi eux, près de la moitié sont des fumeurs avec une médiane de 13 paquets années (32 % d’ex-fumeurs, 18 % de fumeurs). Leur suivi correspond à 100 000 patients-années. L’autre moitié n’ayant jamais fumé cumule un suivi de 120 000 patients-années.
Une bronchite chronique non obstructive retrouvée plus de deux ans d’affilée était présente à l’inclusion chez 2,7 % des fumeurs et chez 1,3 % des non-fumeurs.
Accélération du déclin de la fonction pulmonaire
Chez les fumeurs, ceux présentant une bronchite chronique non obstructive ont présenté un déclin accéléré de la fonction pulmonaire, avec une réduction moyenne du VEMS de 4,1 [2,1-6,1] mL/an et de la capacité vitale forcée CVF de 4,7 [2,2- 7,2] mL/an, par comparaison aux sujets indemnes de bronchite. Globalement, ils ont perdu 12 % de VEMS et 14 % de CVF par rapport aux non bronchiteux. Ce déclin n’est pas associé à un déclin accéléré du rapport VEMS/CVF ni à une plus grande incidence d’obstruction pulmonaire qu’en absence de bronchite. En revanche, chez les non-fumeurs, cet impact n’est pas retrouvé.
Plus de morbimortalité respiratoire
Un excès de morbidité de mortalité, pulmonaire et totale, est retrouvée chez les fumeurs présentant une bronchite, par comparaison à ceux en étant indemnes. Le risque d’hospitalisation ou mortalité lié à une maladie respiratoire chroniques est multiplié par deux (RR = 2,2 [1,7-2,7]). Le risque d’évènements liés à une BPCO est aussi multiplié par deux, avec un lien plus étroit chez ceux qui ont continué à fumer que chez ceux qui ont arrêté. Cette majoration des évènements respiratoires chroniques basses est présente également chez les non-fumeurs souffrant de bronchite, par comparaison à ceux indemnes (RR = 3,1 [2,1-4,5]).
Enfin, les fumeurs bronchiteux ont une mortalité respiratoire doublée (RR = 2,0 [1,1 - 3,8]) ainsi qu’une mortalité totale majorée (HR 1,5 [1,3-1,8]) par rapport aux fumeurs sans bronchite chronique. Cet excès de mortalité lié à la bronchite n’est pas retrouvé chez les non-fumeurs.
Prendre en considération la bronchite chronique
« Accélération du déclin respiratoire, excès d’hospitalisations et décès par maladie chronique respiratoire et, même, excès de mortalité… La bronchite chronique affecte la santé pulmonaire en dehors de BPCO », concluent les auteurs. Ce n’est donc pas juste une curiosité, mais bien une pathologie qu’il faut prendre en compte. Des études prospectives sur ces bronchites chroniques ou « BPCO like » à spirométrie normale pourraient permettre d’éclairer leur prise en charge.
(1) PP Balte et al. Association of Nonobstructive Chronic Bronchitis With Respiratory Health Outcomes in Adults. JAMA Intern Med 2020. doi:10.1001/jamainternmed.2020.0104
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