Parmi les personnes ayant fumé toute leur vie, deux sur trois meurent d’une pathologie liée au tabac. Ces chiffres tirés d’études épidémiologiques récentes, menées notamment au Royaume-Uni et en Australie, sont encore plus pessimistes que ce qui était jusqu’alors admis et faisait état d’un sujet sur deux. Les fumeurs perdent en moyenne 10 ans de vie, du fait de pathologies encore plus diversifiées que pensé, puisque le tabagisme est aussi associé à un risque accru d’insuffisance rénale, d’ischémie intestinale, de cancer du sein ou de la prostate. Une autre étude récente confirme que les fumeurs ont des symptômes et des troubles fonctionnels respiratoires bien avant le développement d’une bronchopneumopathie chronique obstructive.
Remboursement simplifié des substituts nicotiniques
« Globalement, un fumeur qui s’arrête avant l’âge de 30 ans peut espérer éviter 95 % des pathologies liées au tabac et, à défaut de ne pas commencer, il faut donc arrêter de fumer le plus tôt possible, souligne le Pr Yves Martinet (CHU Nancy). Bien conduite, l’aide au sevrage, qui permet de guérir un facteur de risque, multiplie par un facteur 3,5 les chances de réussite ». Ses modalités se fondent toujours sur l’aide à la motivation, le conseil minimal, le soutien psychologique, les thérapies cognitivocomportementales et les approches pharmacologiques. Une évolution toutefois : le remboursement des substituts nicotiniques, auparavant complexe, est depuis le 1er novembre 2016 beaucoup plus simple puisqu’il est de 150 euros/an/personne (sur prescription). « Il faut rappeler que les substituts nicotiniques ne sont pas remboursés comme d’autres traitements parce qu’il n’y a pas de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) des laboratoires et non pas par décision des pouvoirs publics », souligne le Pr Martinet.
Appliquer les mesures de dénormalisation
La cigarette électronique suscite toujours autant d’interrogations. La proportion de vapoteurs en France est de 3 % mais parmi eux, de 75 à 80 % sont des « vapofumeurs », c’est-à-dire des fumeurs qui ont un peu réduit leur consommation de cigarettes et qui vapotent en parallèle. « Contrairement aux sujets qui arrêtent complètement le tabagisme et passent à la e-cigarette, ceux continuant à fumer 4 ou 5 cigarettes par jour tout en vapotant ne réduisent pas les risques pour leur santé », insiste le Pr Martinet, qui pointe du doigt le sentiment de fausse sécurité que cette conduite procure. Pour l’instant, il n’y a aucune preuve objective démontrant que la vapoteuse aide à arrêter de fumer. De même, le recul manque pour établir de façon certaine l’impact de la e-cigarette sur la santé. Il y a certes moins de produits de combustion, mais les quantités de nicotine inhalées sont bien supérieures à celles apportées par la cigarette. « Il faut donc être prudent », note le Pr Martinet, qui estime que les efforts doivent porter sur la dénormalisation du tabagisme.
L’initiative du premier « Mois sans tabac » en novembre dernier en France a été bien accueillie et plus de 180 000 personnes se sont inscrites sur le site internet dédié. L’année 2016 a été aussi celle de l’arrivée du paquet neutre, devenu outil d’information et non plus de séduction, et l’interdiction de certaines dénominations. Le paquet neutre, mis en place en Australie depuis 3 ans, s’est accompagné d’une réduction du nombre d’adolescents entrant dans le tabagisme et un recul de l’âge de la première cigarette. « En février 2017, le prix du tabac à rouler a augmenté, mais pas celui des cigarettes. Nous souhaiterions que le tabac soit taxé au gramme vendu, indique le Pr Martinet. Et il faudrait surtout que les lois existantes soient correctement appliquées : l’interdiction de vente de tabac aux mineurs n'est pas respectée ce qui est un véritable scandale sanitaire, et l’interdiction de fumer dans les lieux publics, partiellement suivie. Ces deux mesures de dénormalisation pourraient être très efficaces, mais les contrôles dans notre pays sont quasi-absents ».
D’après un entretien avec le Pr Yves Martinet, président du comité national contre le tabagisme, CHU Nancy
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