Animer le site Pneumotox demande un investissement important. « C’est un travail de tous les jours », précise Philippe Camus, professeur de pneumologie au CHU de Dijon et fondateur avec son équipe de base de données sur les multiples pathologies respiratoires induites par des médicaments. « On ne peut laisser le sujet ne serait-ce que quelques jours car un collègue pourrait risquer, faute d’une information à jour, que son patient soit exposé à une situation iatrogène grave, urgente et sans information disponible. Je m’en voudrais », explique le Pr Camus
Pneumotox recense les pathologies pulmonaires de tout type induites par les médicaments, les techniques et procédures médicales, herbes médicinales, produits toxiques de la maison et drogues illicites, capables d’occasionner des troubles engageant parfois le pronostic vital. « Il peut s’avérer utile pour mes collègues pneumologues, urgentistes, cardiologues, internistes ou réanimateurs de savoir qu’une hémorragie alvéolaire, une pathologie coronarienne ou des autoanticorps peuvent être liés par exemple à une prise de cocaïne », explique le Pr Camus.
Ce dernier collecte depuis 1978 tout ce qui a trait à l’iatrogénie dans le domaine des pathologies respiratoires. « En près de quarante ans, la pharmacopée s’est considérablement enrichie, et avec elle les accidents médicamenteux dans le champ de l’appareil respiratoire ou cardiovasculaire. En 1973, on recensait environ 120 médicaments en cause, et 1 200 en 2016 », précise le Pr Camus qui a ouvert Pneumotox en 1997 sans besoin de soutien financier. « Le seul soutien que nous avons reçu, et fort apprécié, a été celui de la Direction Générale de la Santé (DGS) qui nous a permis en 2012 de prendre une autre dimension en ouvrant Pneumotox sur tablettes et smartphones », indique le Pr Camus, visiblement désireux de garder toute indépendance.
« Un autre principe pour nous intangible est de maintenir la gratuité à toutes ces données et de n’admettre aucune publicité. Comment imaginer un paiement sous quelque forme qu’il soit et risquer de tenir à l’écart d’une information peut-être vitale médecins, patients ou leur famille dans certaines parties du monde ? », indique le Pr Camus, ajoutant que Pneumox a une audience largement internationale. « En moyenne, ce sont 1 000 consultations sur le site chaque jour, du matin tôt à la nuit, en fonction des fuseaux horaires. Si le site est très fréquenté par mes collègues de France de tous types d’exercice, les deux-tiers des consultations proviennent des États-Unis, mais le site est aussi très utilisé par l’Europe continentale et je reçois parfois et avec plaisir des demandes du Moyen-Orient ; mais des progrès restent à faire pour toucher Russie et Asie ».
Récemment, Pneumotox a dépassé la barre des 25 000 références bibliographiques sur 1 200 agents et 200 tableaux déduits. « En moyenne, ce sont sept nouvelles références par jour, toutes issues de Pubmed qu’il faut inclure. C’est une règle que s’est fixée Pneumotox : n’incorporer que des données ayant franchi le cap de la publication, hormis quand des dossiers sérieusement documentés méritent en raison de leur gravité une indexation rapide, avec cependant les réserves d’usage et des conseils de vigilance », précise le Pr Camus.
Pneumotox présente ces données avec un souci de pragmatisme. « Le but est que le médecin, face à une pathologie pulmonaire inexpliquée ou atypique puisse immédiatement savoir quels produits peuvent être à l’origine du syndrome. Ou bien qu’il veuille savoir quels sont les tableaux cliniques possibles de tel ou tel produit reçu par son patient. L’objectif étant de donner une information rapidement et en collant au plus près des pratiques professionnelles de terrain. Et avec un but primordial espéré : l’intérêt du patient », indique Philippe Camus, qui veut ouvrir prochainement des pages personnelles sur tablettes pour chaque utilisateur de Pneumotox.
D’après un entretien avec le Pr Philippe Camus, professeur de pneumologie au CHU de Dijon et fondateur du site Pneumotox
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024