Peur de l'abandon, comportements à risque, colères excessives et inappropriées, tentatives d'auto (ou d'hétéro) agressivité… Les patients souffrant du TPL peuvent passer d’un état à l’autre (colère, tristesse, joie, peur) plusieurs fois au cours d'une même journée.
Pour les aider à mieux comprendre et gérer leurs émotions, les experts de l'Association pour la formation et la promotion de l'état limite (AFORPEL) (2) viennent de créer une application mobile. Intitulée « Borderline Anonymes », celle-ci comporte un questionnaire simple permettant aux patients d'auto-évaluer leurs émotions au cours de la journée.
« Créé par des psychothérapeutes et des psychologues, le questionnaire se fonde sur plusieurs approches : la thérapie des schémas de Young, la thérapie cognitive et comportementale (TCC) et la Gestalt-thérapie », explique Pierre Nantas, psychothérapeute, président de l'AFORPEL et co-auteur de l'ouvrage « Le système borderline », (éditions l'Harmattan).
Repérer l'émotion dominante
Concrètement, via l'application « Borderline Anonymes », le patient présentant un TPL reçoit jusqu'à quatre notifications par jour sur son smartphone, de façon aléatoire. Chaque notification est un moyen de l'inviter à répondre à des questions concernant son état émotionnel. Exemples : « En ce moment, vous ressentez plutôt de la joie, de la tristesse, de la peur, de la colère ? », « Pour y faire face, vous ressentez l'envie de vous faire du mal, de fumer, de vous droguer, de céder à la colère ? ».
À la fin de la semaine et du mois, l'application établit un graphique sous forme de camembert mettant en exergue la fréquence des différentes émotions. « Cela permet notamment au patient de repérer l'émotion hebdomadaire (ou mensuelle) dominante », souligne Pierre Nantas.
Un outil d'aide à la thérapie
Conservées dans l'application, les réponses restent confidentielles. Elles sont destinées à faire l'objet d'un échange entre le patient et les professionnels qui le suivent : médecin traitant, psychiatre, psychothérapeute ou psychologue clinicien. « "Borderline Anonymes " est un outil d'aide à la thérapie, précise Pierre Nantas. Il doit donc être utilisé dans le cadre d'un suivi médical et/ou psychothérapeutique. Nous souhaitons notamment impliquer les médecins généralistes afin qu'ils puissent accompagner leurs patients atteints de TPL, en s'appuyant sur cette application. Par ailleurs, pour les aider à mieux repérer le TPL, nous avons établi un questionnaire (intitulé « êtes-vous borderline ?) sur notre site Internet (2) ».
Disponible en version bêta, autrement dit en cours d'expérimentation pour le grand public, l'application « Borderline Anonymes » peut être téléchargée gratuitement via Google Play (la version définitive sera prête d'ici la fin de l'année). « Accessible aux smartphones Android, elle devrait être optimisée prochainement pour être compatible avec Apple », ajoute Pierre Nantas.
Des recommandations spécifiques
Compte tenu de la pluralité des symptômes et des comorbidités associées (dépression, anxiété, addictions…), le diagnostic du TPL est difficile à poser. « Le TPL reste méconnu et sous-diagnostiqué, note Pierre Nantas. Il est parfois confondu, à tort, avec le trouble bipolaire. Or, il s'agit d'un trouble de l'attachement qui se développe souvent à la suite de traumatismes survenus durant l'enfance. Et dont on peut guérir ».
Le TPL comporte des caractéristiques centrales telles que l'instabilité des relations interpersonnelles, de l'image de soi et des affects, avec une labilité émotionnelle, une impulsivité marquée et des comportements à risque (dépenses, sexualité, toxicomanie…). Seul un psychiatre ou généraliste (formé au TPL) peut poser un diagnostic.
Deux recommandations internationales portent sur les patients borderline : celle de l’American Psychiatric Association (APA) en 2001 et celle du National Institute for Clinical Excellence (NICE) en 2009. Elles désignent les psychothérapies de long cours comme traitement de choix du TPL. Quant à l'usage de psychotropes, il a pour objectif de réduire certains symptômes tels que l'anxiété, les automutilations, l'instabilité affective ou l'impulsivité.
(1) M. Oumaya et al., L'Encéphale, 2008
(2) www.aforpel.org
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