L'Académie nationale de médecine appelle à réformer en profondeur la formation des psychothérapeutes et à rendre plus lisible l'organisation de l'offre, dans un rapport publié ce 8 février.
Si l'Académie reconnaît l'efficacité des psychothérapies pour certaines catégories pathologiques ou troubles psychiques, elle fustige leur enseignement en France. « La comparaison entre ce qui est exigé en France et dans les pays voisins comme formation préalable à la reconnaissance d'une compétence en psychothérapie révèle un écart que rien ne saurait justifier. La France doit se doter d'un référentiel structurant les offres d'enseignement théorique et pratique ouvrant un accès à cette compétence », lit-on.
Introduire obligatoirement des stages en supervision
La pratique de la psychothérapie n'est pas, en France comme en Europe, considérée comme une profession à part entière. Le titre reconnaît une compétence, que peuvent revendiquer certains professionnels, comme les généralistes ou les psychologues, et les psychiatres. À l'exception de ces derniers qui y ont droit automatiquement, ce titre est réservé aux titulaires d'un master en psychopathologie ou en psychanalyse, ou d'un doctorat en médecine, qui témoignent en outre d'une formation complémentaire. Mais son contenu n'est pas clairement défini. « Il manque une définition du contenu des stages (nécessaires dans la formation complémentaire) et une mention d'obligation d'apprentissage en supervision », regrette l'Académie. Et de souligner que dans l'ensemble des pays européens, les stages d'apprentissage de la pratique psychothérapique impliquent une supervision.
La rue Bonaparte suggère en outre que des conventions soient passées entre les structures de formation aux psychothérapies et les établissements de santé : « il serait opportun de mettre en place un internat clinique de 1 an, au moins pour les futurs psychologues », est-il précisé.
Structurer l'offre en précisant les indications
Autre recommandation : l'Académie insiste pour mieux organiser une offre « jusqu'ici trop peu lisible ». Cela suppose de distinguer les différentes indications des multiples psychothérapies, selon qu'elles ont une visée prophylactique (prévenir l'émergence d'une pathologie mentale caractérisée lors d'un moment difficile de la vie, ou les risques de récidive d'un trouble psychiatrique pour d'autres patients), ou curative. L'efficacité des psychothérapies est démontrée notamment pour les troubles phobiques et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les troubles dépressifs d'intensité faible ou modérée, les troubles addictifs et des conduites alimentaires… Elles peuvent s'avérer utiles pour accompagner les patients souffrant de pathologies somatiques chroniques (obésité, diabète, cancer).
L'Académie souhaite aller plus loin et suggère que l'Agence nationale de la recherche (ANR) soutienne des programmes de recherche permettant d'évaluer chaque type de psychothérapie et d'en préciser mieux les indications - un peu sur le modèle de l'expertise Inserm de 2004 qui a étudié l'efficacité de trois catégories de psychothérapies : psychodynamique, cognitivo-comportementale et systémique.
Remboursement conditionné à la prescription médicale
De telles études sont nécessaires, considère l'Académie, pour servir de base à l'évaluation médicale qui devrait précéder la prescription d'une psychothérapie. Cette prescription médicale serait ainsi le gage d'une prise en charge par la solidarité nationale - comme prévu dans le dispositif annoncé au niveau national par Emmanuel Macron lors des Assises de la psychiatrie - au grand dam des psychologues.
Enfin, l'Académie demande la mise en place d'un cadre déontologique et réglementaire des pratiques psychothérapiques, notamment au regard du secret professionnel, de l'accès aux informations médicales et de la responsabilité professionnelle.
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