Avec la pharmacothérapie et la réadaptation psychosociale, la psychothérapie est l’une des trois composantes fondamentales de la prise en charge des troubles mentaux et du comportement (OMS 2001). C’est un outil thérapeutique majeur de la psychiatrie, comme l’a rappelé en 2009 l’Union européenne des médecins spécialistes, en précisant deux conditions pour sa pratique. Tout d’abord, comprendre les théories qui sous-tendent les modèles standards reconnus de psychothérapies individuelles, de groupe et familiale disponibles pour le traitement des troubles mentaux ; puis pratiquer la psychothérapie en toute sécurité et efficacement sur la base de valeurs et de la meilleure preuve disponible. Le décret réglementant le statut de psychothérapeute et le contexte de la pratique fondée sur des données probantes réactive aujourd’hui la question de la formation des psychiatres.
De la théorie à la clinique
Le psychothérapeute doit pouvoir répondre à deux objectifs qui se recoupent : réduire les niveaux de détresse et de difficulté quotidienne associés chez le patient à sa psychopathologie (souvent sévère) ; l’aider non seulement à acquérir les outils personnels de compréhension et de fonctionnement, qui vont participer à son processus de changement, mais aussi à finalement devenir « son propre thérapeute ». Pour y parvenir, il doit d’abord disposer de ressources individuelles qui lui permettent d’établir une relation interpersonnelle « au bon niveau » de proximité et de distance avec le patient. Une aptitude complémentaire est de pouvoir suivre et se représenter le processus qui se déroule chez lui lorsqu’il vit certaines situations (mindfullness). Il lui faudra aussi acquérir les outils théoriques, cliniques et éthiques qui lui serviront de repères et de guides dans sa pratique quotidienne.
La diversité des situations actuelles et psychopathologiques rencontrées rend nécessaire d’avoir accès au monde interne du patient. Mais aussi, d’ajuster son action thérapeutique à la compréhension de son cas, à ses possibilités, ses limites et ses valeurs. De fait, la psychothérapie réunit dans la majorité des cas les critères qui définissent aujourd’hui les interventions complexes en santé. L’enseignement théorique sera nécessairement diversifié et en relation avec la mise en pratique. Il présentera notamment les principes psychologiques et les principaux modèles de changement, introduira l’apport de la recherche, tout en respectant le fait que le thérapeute et son patient seront finalement les acteurs du dispositif.
Une constallation d’éléments
La formation est non seulement initiale et de spécialité, mais également continue prodiguée dans les diplômes universitaires (DU), par les sociétés savantes, dans le travail collectif autour d’un cas, la participation à des protocoles de recherche sur les psychothérapies, et évidemment la démarche individuelle. Chaque approche psychothérapeutique est conceptuellement et cliniquement complexe. Il est important d’avoir une connaissance générale des différentes approches, mais la meilleure façon d’organiser la constellation des éléments à partir desquels s’engage une psychothérapie et de concevoir ses objectifs est déjà de bien connaître l’une d’elles. Par sa complexité, la formation à la psychothérapie requiert également une ou plusieurs supervisions qui peuvent introduire différents domaines d’expertise, un niveau substantiel d’expérience, ainsi qu’une bonne dose d’insight et de recul. L’implication de cliniciens qui pratiquent la psychothérapie à plein-temps est également un atout pour fournir aux étudiants une information sur « ce que l’on peut faire » dans les situations diverses rencontrées et « comment le faire ».
Coresponsable du DU psychothérapies : des théories aux pratiques, cofondateur du réseau de recherches fondées sur les pratiques psychothérapiques
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024