Difficile parfois en médecine de trouver une solution consensuelle. Un exemple nous est donné par la traumatologie rachidienne cervicale, très fréquente en football américain. En situation d’urgence, le débat reste ouvert : le scanner doit-il se faire avec l’équipement de protection ou après l’avoir ôté ?
Tout le monde connaît la violence de ce sport, de plus en plus populaire même en Europe. Il expose l’extrémité céphalo-rachidienne à de graves lésions, d’où une importante recherche et développement pour des protections de plus en plus sophistiquées. Ces équipements font l’objet d’une réglementation en constante évolution, cherchant au fil du temps à minimiser un risque lésionnel très polymorphe (casque, grille faciale, protège-dents, épaulière, etc.).
En situation de lésion squelettique instable, la moindre manipulation peut entraîner une tétraplégie ; à l’inverse, la présence de l’équipement de protection est susceptible de compromettre la qualité d’analyse radiologique d’éventuelles images de fracture. Le partage de responsabilité médico-légale entre le chirurgien orthopédiste et le radiologue s'avère alors hautement sensible en cas de complication neurologique.
Face à ces divergences de points de vue, une recherche expérimentale cadavérique a été conduite en Virginie à la faculté de médecine Carilion. Les chercheurs, au moyen d’un dispositif pendulaire de charge contrôlée, ont délivré un impact axial sur treize cadavres qu’ils ont ensuite soumis à un scanner, sans et avec équipement. Les images ont été analysées de façon indépendante par trois radiologues qualifiés. Pour les imageries avec équipement, près de 50 % des fractures n'ont pas été détectées. La sensibilité du scanner pour le diagnostic des fractures du rachis cervical se trouve ainsi compromise de 26 % avec l'équipement, passant de 78 % sans à 52 % avec.
Finalement, la balance bénéfice/risque demeure bien difficile à évaluer, l’idéal étant que les deux spécialistes soient présents au chevet du blessé, ce qui, en pratique, n’est qu’exceptionnellement réalisé.
P. Amit et al, Clinical Orthopaedics and Related Research, septembre 2021, vol 479, n° 9, p 2072- 2080
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