L’homme n’est pas fait pour être sédentaire. Celui qui a fait de l’activité physique toute sa vie n’a pas les mêmes conséquences s’il souffre de gonarthrose que s’il a été sédentaire, en surpoids et a développé d’autres types de comorbidités.
Peu de pathologies échappent à l’intérêt d’un réentrainement à l’activité physique, que ce soit les maladies musculo-squelettiques, neurologiques, neuromusculaires, cardiovasculaires, respiratoires ou métaboliques. L’activité physique a des effets multimodaux, notamment anti-inflammatoires (1), s’exerçant sur plusieurs cibles (myocarde, appareil respiratoire, locomoteur…, y compris sur le cerveau).
La maladie réduit l’activité physique. Moins on peut marcher, moins on marche et réciproquement. C’est un cercle vicieux. « La remise en confiance physique et comportementale nécessite de faire admettre au patient qu’il ira mieux même s’il majore au début la douleur. Proposer au début des exercices aérobies, en décharge (piscine, vélo) pour éviter de créer une douleur spécifique. Progressivement le patient accède à une activité physique non spécifique en endurance (de l’ordre de 3 fois 30 minutes par semaine) puis ciblée (renforcement musculaire, entretien de mobilité, proprioception) », explique le Pr Coudeyre.
L’objectif en 1re intention est la mobilisation, pas l’antalgie. L’activité physique, dans la lombalgie par exemple, diminue assez peu la douleur en fin de programme, mais à douleur équivalente, les patients sont plus actifs et moins limités sur le plan fonctionnel. Dans l’arthrose, c’est un peu la même chose, l’effet propre de l’activité physique sur la douleur existe, mais il est modeste. Le traitement est plus à visée fonctionnelle (renforcement musculaire, proprioception).
Connaître les freins et leviers
Tout réentrainement à l’effort nécessite d’évaluer de manière précise les capacités du patient, ses appétences pour une activité physique et sa motivation. Ceci afin de limiter au maximum le fardeau que peut représenter l’activité physique et qui s’ajoute à celui de la maladie chronique et de son traitement. Il convient ensuite de l’informer des bénéfices connus et attendus d’une activité physique adaptée à ses capacités et préférences (message d’information et de réassurance). Soutenir la motivation demande ensuite de s’adapter aux préférences des individus : outils connectés (coaching numérique), sessions supervisées de rappel, ou visites régulières chez un thérapeute… Car, souligne le spécialiste, « Faire passer le message que l’activité physique est bénéfique pour la santé est une chose. Réussir l’adhésion du patient au programme d’activité physique qui lui est proposé en est une autre… ». Les stratégies actuelles s’orientent donc sur l’éducation thérapeutique des patients. La recherche s’intéresse aux freins à lever et aux leviers permettant une prise de conscience par le patient de l’intérêt de maintenir une activité physique au long cours qui doit être intégrée à son mode de vie. Ceci afin qu’il y arrive avec un encadrement modeste. « Dans le service, indique le Pr Coudeyre, nous avons publié plusieurs articles sur ces freins et leviers dans l’arthrose (2), (3) et la lombalgie (4), et retrouvé des déterminants communs, et des spécificités liées à chaque pathologie. Cette thématique des freins et leviers à l’activité physique intéresse la recherche dans d’autres domaines, par exemple l’hypertension artérielle et le diabète (5), ou les objets connectés (6) ».
(1) Benatti FB et al., Nat Rev. Rheumatol, 2015;11(2) :86-97
(2) Gay C et al., study Joint Bone Spine 2017
(3) Coudeyre et al., Rev Infirm, 2016 ; (233):28-30
(4) Boutevillain L. et al., PLoS ONE 2017;12(7):e0179826
(5) Duclos M. et al., Vasc Health Risk Manag, 2015;11:361-71
(6) Arefyev A. et al., Rev Infirm 2018 ;67(237):38-39
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