Campagne sur la spondylarthrite ankylosante

Êtes-vous habité par le dragon ?

Publié le 20/05/2010
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LE TATOUAGE du Dragon qui lui gigote dans le dos ne devrait laisser personne indifférent. Utilisé comme une allégorie de la maladie de l’inflammation, la bête crache du feu et remonte le long du dos en direction des cervicales. Tout un programme destiné à conduire dans les cabinets, les personnes atteintes de douleurs du dos persistantes. « Il est temps de cesser de la banaliser, car on ne mesure pas assez que la spondylarthrite ankylosante appartient aux maladies inflammatoires dites sévères, dont la prise en charge peut atteindre 100 % par la sécurité sociale », affirme le Pr René-Marc Flipo, secrétaire général de la société française de rhumatologie qui invite à une prise en charge plus précoce. Il faut reconnaître que la spondylarthrite ankylosante n’est pas simple à repérer, et naturellement à 20 ou 30 ans on a souvent autre chose à faire que d’aller chez le médecin pour dire qu’on a mal au dos ! C’est précisément sur ce terrain que la campagne livre bataille. Cette maladie réveille la nuit, le matin, les malades ont du mal à mettre leurs chaussettes et au fil de la journée, contrairement au mal de dos dit « mécanique » qui s’estompe, la spondylarthrite ankylosante devient de plus en plus douloureuse. Les symptômes peuvent d’abord ne pas retenir l’attention, mais ils touchent insidieusement et progressivement le dos, le bassin, évoluent par poussées, et au fil du temps, conduisent à une diminution progressive de la mobilité, puisque la colonne vertébrale se raidit. « Le simple repos ne la soulage pas et la prise d’anti-inflammatoires peut aider, mais en retarde le diagnostic », déplore le Pr Flipo. Il estime que, « le diagnostic réalisé en moyenne au bout de cinq ans de maladie est une perte de chance alors que l’imagerie permet un diagnostic précoce et que les thérapeutiques efficaces pour retarder son évolution existent. » Le rhumatologue reconnaît qu’aujourd’hui, il n’existe pas de traitement capable de stopper la maladie mais que le simple fait de pouvoir en contrôler les symptômes constitue pour le patient, une étape cruciale. L’utilisation plus précoce de nouveaux traitements permet de soulager la douleur. Selon lui, les biothérapies doivent être proposées dès que les anti-inflammatoires n’ont plus d’effet.

Attentif aux douleurs.

La société française de rhumatologie estime que 200  000 personnes en France souffrent de spondylarthrite ankylosante. Cette maladie concerne davantage les hommes, mais elle touche aussi les femmes. Chez elles, « l’analyse de la douleur reste toujours plus compliquée », note le Pr Flipo. « Par solidarité pour ceux qui souffrent du dos », Frank Lebœuf, numéro 18 du Chelsea FC, champion du monde en 1998 et d’Europe en 2000, a accepté de s’investir dans cette campagne. Footballeur international devenu acteur, il explique au « Quotidien » les raisons qui l’ont poussé une nouvelle fois sur le devant de la scène, pour soutenir la campagne de dépistage de la spondylarthrite ankylosante. « Né avec la 5e lombaire et la 1re sacrée soudées », il vit avec ce manque de souplesse permanente. « Raide comme un piquet lorsque je me relève ou que je voyage, le mal de dos reste encore aujourd’hui mon combat et je me faisais souvent masser et étirer même en dehors des matchs pour le supporter », explique-t-il . Il n’admet pas que les gens qui souffrent du dos se taisent : « Nous sommes nombreux à avoir mal au dos, mais on prend vite l’habitude de ne pas y prêter attention. Il faut pourtant l’admettre et lorsque des solutions existent pour gérer sa douleur et vivre mieux pourquoi s’en priver ? » Pour les aider à en parler à leurs patients, des brochures et des posters vont être envoyés aux rhumatologues, médecins généralistes, médecins du travail et aux pharmaciens, avant que la campagne média démarre.

 LAURENCE MAUDUIT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8774