Pas si vieillotte
Connue depuis l’Antiquité, réputée comme une punition des excès alimentaires et alcooliques, la goutte est une maladie toujours actuelle. La goutte est un rhumatisme inflammatoire, due à la présence de microcristaux d’urate de sodium dans les articulations, résultant d’une hyperuricémie chronique. La goutte est l’arthrite la plus fréquente, touchant préférentiellement les hommes, les estrogènes étant uricosuriques. En France on estime que plus de 600 000 personnes seraient touchées par cette pathologie, soit 1 à 2 % de la population. Sa fréquence semble avoir augmenté dans tous les pays occidentaux, mais aussi de manière spectaculaire dans d’autres régions du monde, au Japon, en Polynésie, en Nouvelle Zélande et même en Chine, maladie presque inconnue dans ce pays avant les années 1980.
La crise
La première manifestation de la goutte, la crise de goutte, n’atteint le plus souvent qu’une seule articulation du membre inférieur, la première articulation métatarsophalangienne, mais peut également toucher d’autres articulations. Le début de la crise est brutal et souvent nocturne. L’articulation apparaît très douloureuse, tuméfiée, gonflée, rouge violine. Ces signes peuvent s’accompagner d’une fièvre modérée à élevée, pouvant faire croire à une infection sévère. Au bout de quelques jours on constate un retour à la normale de l’articulation. En l’absence de traitement, ces crises peuvent se répéter à plus ou moins brèves échéances, et si la goutte est négligée, des arthropathies uratiques chroniques peuvent apparaître après plusieurs années. Les dépôts de cristaux d’urate de sodium, s’accumulent alors dans et autour de nombreuses articulations, créant des érosions de l’os sous-chondral puis une destruction du cartilage. Les articulations atteintes sont les mêmes que celles touchées par les crises de goutte : articulations des pieds, genoux, doigts. Elles sont associées à des dépôts sous-cutanés d’urate de sodium ou tophus. Elles conduisent à une invalidité permanente, entrecoupée d’accès inflammatoires aigus des articulations ou des tophus.
Rein, HTA, diabète, dyslipidémie
L’accumulation de cristaux d’urate de sodium, liée à une hyperuricémie, n’est pas réservée aux articulations, elle peut se produire dans divers organes. On retrouve des tophus sous la peau, au pavillon de l’oreille, au coude, au pied, au talon ou aux doigts. L’atteinte rénale peut entraîner une lithiase urique (radiotransparente) ou une néphropathie goutteuse, source d’insuffisance rénale.
Actuellement la goutte est reconnue comme fortement associée à l’hypertension artérielle. L’hyperuricémie est maintenant reconnue comme un facteur prédictif d’HTA. Il est également clairement établi qu’elle est fréquemment associée à un diabète, à une dyslipidémie. Chez les patients atteints de goutte, la fréquence du diabète est corrélée à l’uricémie : à titre d’exemple au Royaume-Uni, 38,8 % des goutteux dont l’uricémie dépasse 100 mg/l sont diabétiques. Hyperinsulinisme et syndrome métabolique sont très fréquents dans la goutte primitive. D’après des études menées sur des modèles animaux rendus hyperuricémiques, il apparaît que l’hyperuricémie aurait un effet direct sur la pression artérielle, sur l’induction d’une néphroangiosclérose, un retentissement sur l’état vasculaire, un rôle dans l’induction d’un syndrome métabolique apparaissant après un régime riche en fructose. Les goutteux ont un risque accru d’infarctus du myocarde, même si l’on prend en compte dans l’analyse les autres éléments du syndrome métabolique fréquemment associé.
Alimentation
Les facteurs alimentaires jouent un rôle important dans la survenue d’une hyperuricémie et la modification de l’alimentation et du mode de vie explique en grande partie l’augmentation de la prévalence de la goutte. Un régime riche en purines animales, une forte consommation d’alcool (bière et alcools forts), en boissons sucrées, en particulier de sodas « non light », riches en fructose, sont fortement corrélés à une hyperuricémie et au développement d’une goutte primitive. De même, l’indice de masse corporelle intervient dans l’instauration d’une hyperuricémie : une réduction de poids diminue l’uricémie.
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