L’IL-1ß joue un rôle central dans la physiopathologie des arthrites microcristallines.
L’anakinra, un antagoniste du récepteur de l’IL-1 (effet anti IL-1), a été développé initialement dans la polyarthrite rhumatoïde. Une équipe de l’hôpital Lariboisière (Paris) l’a évalué chez des patients atteints soit de goutte soit de chondrocalcinose. Ce choix thérapeutique était justifié par l’existence de contre-indications et/ou d’une inefficacité de l’ensemble de l’arsenal classique : colchicine, corticoïdes, AINS. Au total, 10 patients ont été traités par anakinra (7 gouttes et 3 chondrocalcinoses). Concernant la goutte, la durée moyenne de la crise avant traitement était de 44 jours, on notait après traitement une diminution de l’EVA douleur (74±9 versus 24±19 mm ; p ‹ 0,01) et de la CRP (125±180 versus 11±20 mg/l ; p ‹ 0,01). De même, dans le groupe chondrocalcinose, la durée moyenne de la crise était de 50 jours et on notait une diminution de l’EVA douleur (65±2 à 10±14 mm) et de la CRP (de 82±0,7 à 5,5±2,2 mg/l) chez 2 des 3 patients. Le troisième patient n’a pas répondu au traitement. Sur le plan de la tolérance, les auteurs rapportent un cas d’infection bénigne par H1N1 et un cas d’endocardite à Staphylococcus aureus sur port-a-cath avec abcès pulmonaire (abstract 7 154).
Le canakinumab est une autre alternative anti-IL-1. Cet anticorps monoclonal anti-IL1ß, qui dispose déjà d’une AMM pour les syndromes périodiques associés à la cryopyrine (CAPS), a été évalué chez des patients goutteux (abstract 7 431). Ces études de phase III ont comparé une injection de 150 mg de canakinumab à une injection de 40 mg de triamcinolone, réalisées dans les cinq premiers jours d’une crise de goutte. Au total, 456 patients goutteux ayant fait plus de trois crises au cours de l’année précédente et intolérants ou réfractaires à la colchicine ou aux AINS ont été inclus. Au troisième jour, la douleur des patients sous canakinumab était significativement plus faible que dans le groupe témoin (EVA : 25 mm contre 35,7 mm ; p ‹ 0,0001). De plus, le délai et le risque de nouvelle crise au cours des 12 semaines suivant l’injection étaient significativement en faveur du canakinumab (HR : 0,38 ; IC 95 % : 0,26-0,56 ; p ‹ 0,0001). Des effets indésirables ont été observés chez 55,1 % des patients sous canakinumab contre 44,5 % sous triamcinolone. Aucune infection opportuniste ni aucun effet indésirable sévère n’ont été constatés.
Sous réserve d’une bonne tolérance, l’inhibition de l’IL-1 semble être une approche prometteuse dans les arthrites microcristallines en échec aux traitements classiques.
D’après Molto A. et coll. (Abs 7 154) et Bardin T. et coll. (Abs 7 431).
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