COMME le rappelle un communiqué de l’INSERM, la sérotonine régule de nombreuses fonctions : l’humeur, le comportement, le sommeil, la tension et la thermorégulation. Ella a aussi des fonctions importantes dans de nombreux tissus périphériques, régulant notamment la mobilité gastro-intestinale et des fonctions vasculaires et cardiaques.
Cela dit, la sérotonine circule dans l’organisme à des taux « extrêmement faibles » ; elle est en grande partie stockée dans les plaquettes et n’est disponible dans les organes périphériques que si elle est relarguée lors de l’activation de ces plaquettes.
La sérotonine fait également l’objet d’un débat quant à son rôle sur le tissu osseux. Les résultats obtenus sont en effet contradictoires. Certains chercheurs ont décrit une action négative de la sérotonine circulante sur le tissu osseux (selon ces résultats, elle empêcherait la régénération osseuse en agissant sur les ostéoclastes pour diminuer leur prolifération) ; mais d’autres équipes ne retrouvent pas, chez la souris, de modification osseuse en l’absence de sérotonine.
C’est dans ce contexte de résultats contradictoires que l’équipe de Marie-Christine de Vernejoul a souhaité en savoir plus en conduisant des travaux chez la souris. Et, surprise, les chercheurs ont découvert que les effets sur le tissu osseux ne sont pas dûs à la sérotonine circulante mais à une production locale de sérotonine. « Nos travaux, souligne Marie-Christine de Vernejoul, montrent que la sérotonine est produite localement dans un site inattendu : le tissu osseux. Elle est synthétisée par les ostéoclastes, ces cellules osseuses en charge de résorber l’os. » La sérotonine synthétisée agit directement sur les cellules qui la produisent, les ostéoclastes, en augmentant leur différenciation. Cette production locale de sérotonine fait partie d’un processus normal et contribue elle aussi à maintenir l’équilibre entre formation et destruction osseuse.
« Cette sérotonine locale produite par les ostéoclastes est bien plus importante pour le tissu osseux que la sérotonine circulante, ce qui expiquerait les conclusions différentes observées jusqu’à présent par les scientifiques qui avaient étudié des modèles trop particuliers », ajoutent les chercheurs.
Le rôle potentiel de médicaments.
De plus, ce travail INSERM a permis de découvrir que les ostéoclastes expriment à leur surface le transporteur de la sérotonine ainsi que certains récepteurs de la sérotonine. Dès lors, les médicaments qui agissent sur le transporteur de la sérotonine (comme les antidépresseurs) ou sur les récepteurs de la sérotonine (comme les antimigraineux) pourraient donc modifier la dégradation du tissu osseux. Ce qui pourrait avoir des conséquences sur cet « équilibre précieux » entre dégradation et formation d’os.
Les chercheurs ont d’autres projets. Ils vont maintenant chercher à savoir que la production de sérotonine par les ostéoclastes est augmentée par la carence en estrogènes. Si oui, cela pourrait signifier que la sérotonine joue un rôle dans l’ostéoporose de la femme ménopausée.
Yasmine Chabbi Achenglia, Amélie Couderta et Jacques Callebert et coll., Proc Natl Acad Sci USA, janvier 2012.
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