Définie comme une maladie diffuse du squelette caractérisée par une faible masse osseuse et une détérioration de la micro-architecture du tissu osseux, l’ostéoporose expose à un risque accru de fracture, pouvant survenir sans traumatisme majeur.
Les praticiens jouent un rôle essentiel dans l’évaluation du risque de fracture et dans la prise en charge précoce des patients.
Les questions à se poser
• Les facteurs de risque d’ostéoporose sont très nombreux mais les trois plus importants sont l’âge, la densité minérale osseuse (DMO) et les antécédents personnels de fracture. De 30 à 50 % des personnes qui ont une fracture de hanche sans contexte traumatique majeur avaient déjà eu une fracture (poignet, côte, voire vertèbre), souvent banalisée. Il est ainsi important d’avoir une attitude pro-active, et notamment d’interroger toutes les femmes ménopausées sur des éventuels antécédents de fracture qui paradoxalement sont souvent oubliés.
• Rechercher d’autres facteurs de risque tels qu’une ménopause précoce, la prise de corticoïdes, la consommation d’alcool et de tabac et les antécédents familiaux d’ostéoporose.
• Évaluer la DMO par la réalisation d’une ostéodensitométrie osseuse, examen peu irradiant et de faible coût. Elle devrait idéalement être réalisée (et remboursée) de façon systématique au-delà de l’âge de 60-65 ans.
Ce qu'il faut faire
• La prévention est essentiellement non médicamenteuse, et se fonde sur des règles alimentaires et la pratique d’une activité physique.
• Même si la corrélation entre l’alimentation et la densité osseuse n’est pas très forte, en raison du poids prévalent de la génétique, il faut veiller à des apports calciques (1 200 mg/jour, via les produits laitiers, les fruits secs et les eaux minérales riches en calcium) et protidiques (1 g/jour) suffisants. Au-delà de son impact sur la DMO, un apport en protéines correct est un facteur de maintien de la masse musculaire et donc de prévention des chutes.
• L’activité physique doit être adaptée à chaque personne, en charge (contact du pied avec le sol), à type de marche rapide ou nordique 30 minutes trois fois par semaine.
• Le traitement hormonal de la ménopause peut être indiqué au moment de sa survenue et poursuivi quelques années en cas de risque fracturaire avéré et en fonction du rapport bénéfice/risque de chaque patiente.
• Un traitement médicamenteux peut être indiqué en fonction de l’importance de la baisse de la DMO, de l’existence d’éventuels antécédents de fractures de fragilité et de leur degré de sévérité.
• Le traitement de première intention fait appel dans la majorité des cas aux bisphosphonates, traitement qui, prescrit dans ce contexte expose à un risque très faible d’ostéonécrose de la mâchoire, 300 à 400 fois plus faible que celui de récidive fracturaire.
• Un seul traitement agit en stimulant la formation osseuse : le tériparatide, dont les indications sont limitées (présence d’au moins deux fractures vertébrales).
• L’ostéoporose est moins fréquente chez les hommes, mais 15 à 20 % des hommes de plus de 50 ans (comparativement à 40 % des femmes ménopausées) seront concernés.
• La survenue d’une ostéoporose chez un homme jeune doit faire pratiquer un bilan biologique à la recherche d’une ostéoporose secondaire. Un avis rhumatologique est préconisé chez tous les hommes de moins de 50 ans.
• La prédiction du risque par la mesure de la DMO est aussi bonne chez l’homme que chez la femme.
• Le risque de décès après une fracture vertébrale, de hanche, du pelvis et de l’épaule est plus élevé chez l’homme que chez la femme.
• De nouvelles recommandations sur la prise en charge de l’ostéoporose masculine seront publiées dans les prochains mois. Dans les formes primitives, la stratégie est calquée sur celle de la femme.
Ce qu’il faut retenir
• Il ne faut pas banaliser une fracture survenant sans traumatisme majeur.
• Il faut penser à la DMO après l’âge de 60-65 ans.
• Il faut prescrire à bon escient les traitements (rapport bénéfice/risque favorable).
D’après un entretien avec le Pr Bernard Cortet, président du Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (GRIO), Lille.
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