Le rhumatisme psoriasique et la polyarthrite rhumatoïde restent toujours les thèmes essentiels du congrès. Parmi les nombreuses communications, deux études sont venues confirmer le lien entre obésité et sévérité du rhumatisme psoriasique.
Rhumatisme psoriasique : faites maigrir les patients
Le premier travail a porté sur 917 patients du registre pan-européen PsABio (1) débutant une biothérapie. « Parmi ces patients, 30 % étaient obèses (IMC ≥ 30) et 40 % étaient en surpoids. L’analyse a bien mis en évidence le lien très fort entre la présence d’une obésité et l’activité de la maladie sur le plan articulaire et cutané. Cette notion est importante à rappeler d’autant qu’une autre étude a montré qu’une perte de poids obtenue avec un régime très strict et des patients motivés, triés sur le volet, était efficace sur l’activité de la maladie » souligne le Pr Cédric Lukas. Les résultats de cette étude suédoise (2) portaient sur une année de suivi. Les patients obèses (IMC ≥ 33) ont eu un régime à très bas niveau calorique, 640 kcal/jour sous forme de poudre pendant 12 à 16 semaines, suivi d’une réintroduction progressive de la nourriture sur 6 semaines et d’un suivi régulier pendant un an. 46 patients ont été inclus et 39 ont pu être suivis à 12 mois. Le poids initial, de 106 kg en moyenne, est passé en un an à 87 kg et des résultats très positifs sur les critères de la maladie ont été observés : amélioration significative du nombre d’articulations douloureuses, gonflées, des réponses ACR, de la surface cutanée atteinte par le psoriasis… En parallèle, les facteurs de risque cardiovasculaire ont également été améliorés (dyslipidémie, diabète…).
Polyarthrite rhumatoïde : efficacité prouvée pour le filgotinib
Le filgotinib est un nouvel inhibiteur sélectif de JAK 1. Les résultats intermédiaires (à 24 semaines) des essais de phase 3, FINCH 3 (3) sur des patients naïfs de MTX et FINCH 1 (4) ont été présentés. FINCH 1, toujours en cours, évalue le filgotinib versus adalimumab ou placebo chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR), répondant insuffisamment au méthotrexate, qui continuaient à le recevoir en association au cours de l’essai. Cette étude a atteint son critère principal pour les deux doses de filgotinib étudiées (100 mg et 200 mg), à savoir la réponse ACR 20 à la semaine 12. « Les pourcentages de répondeurs ACR 20 à 12 semaines étaient respectivement de 76,6 %, 69,8%, 70 ,8% et 49,9 % dans les groupes filgotinib 200, filgotinib 100, adalimumab et placebo. Le filgotinib associé au MTX a confirmé son efficacité » explique le Pr Cédric Lukas. Son profil de tolérance était conforme à celui observé dans les précédentes études.
Efficacité de la vaccination antigrippale chez les patients PR
« Une autre étude (5) très importante pour la pratique clinique a montré l’efficacité de la vaccination anti-grippale chez les patients sous anti-TNF » souligne le Pr Cédric Lukas. Les auteurs ont étudié des sujets sains et des patients traités par anti-TNF inclus dans plusieurs cohortes. Dans les deux populations vaccinées, la prévalence de la grippe ainsi que le nombre de sujets à vacciner pour éviter une grippe ont été évalués. Dans la population générale, l’incidence de la grippe a été nettement diminuée (de 40 %) et le nombre de sujets à vacciner a été évalué à 71 pour un coût de 1174 € alors que chez les patients PR, il faut vacciner 10 patients pour éviter une infection grippale pour un coût estimé à 165 €. « La vaccination est donc efficace chez les patients PR pour un coût de prévention beaucoup moins élevé. La vaccination est certes moins puissante chez ces malades sous immunomodulateurs mais la grippe est plus fréquente et plus grave sous anti-TNF ».
Le retour du tanézumab dans l’arthrose
Le tanézumab est un anticorps dirigé contre un facteur de croissance neuronale (NGF), déjà testé il y a quelque temps dans l’arthrose à dose plus importante et dont le développement avait été arrêté en raison d’effets secondaires importants. Dans cette étude (6) de phase 3 contre placebo, deux doses plus faibles de tanézumab (2,5 mg et 5 mg) ont été injectées en sous-cutanée à deux reprises (8 et 16 semaines) chez 849 patients atteints de gonarthrose et de coxarthrose résistantes aux antalgiques et AINS. À 24 semaines, la diminution de la douleur sur le WOMAC était plus importante aux deux doses de tanézumab (-2,7 avec la dose de 2,5 mg et -2,85 avec 5 mg versus -2,24 sous placebo), mais avec des cas d’arthroses destructrices rapides sous tanezumab (12 versus aucun sous placebo). Le nombre de pose de prothèses était cependant comparable dans les 3 groupes. « Cette étude avec le tanézumab à posologies inférieures reste positive sur le plan statistique avec une pertinence clinique modérée. À suivre… »
« Enfin, l’intérêt de la voie de l’IL-17 dans la spondyloarthrite axiale a été confirmé avec plusieurs études sur trois nouvelles molécules. Le bimekisumab (anti-IL-17 A et F) a été testé dans une étude de phase 2. Deux autres molécules, le nétakimab et le brodalumab ont également montré des résultats positifs » a conclu le Pr Cédric Lukas.
D'après un entretien avec le Pr Cédric Lukas, CHU de Montpellier
(1) Abstract n° OP 0007
(2) Abstract n° OP 0008
(3) Abstract LB 0003
(4) Abstract LB 0001
(5) Abstract n° OP 0230
(6) Abstract n° LB 0007
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