RIC et risque de cancer : bientôt des recommandations dédiées

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Publié le 31/01/2025
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Alors que le risque de certains cancers est plus élevé chez les patients atteints de rhumatisme inflammatoires chroniques (RIC), la SFR devrait publier prochainement des recommandations dédiées qui soulignent le rôle majeur des rhumatologues. L’essentiel avec la Dr Anna Molto (Hôpital Cochin, APHP).

Crédit photo : CYIM

Les pathologies en elles-mêmes et certains traitements des rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) peuvent entraîner un risque plus élevé de cancer chez les patients concernés par rapport à la population générale. Ainsi, « les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ont un surrisque significatif de certains cancers (poumon, vessie, col de l’utérus…) comparativement à la population générale. Quelques données semblent suggérer aussi qu’il existe un sur-risque de cancer du sein chez les patientes atteintes de spondylarthrite », détaille la Dr Anna Molto.

Face à cette problématique, la Société Française de Rhumatologie a élaboré des recommandations réalisées par un groupe de travail multidisciplinaire constitué d’experts rhumatologues, d’onco-pneumologues, d’onco-gynécologues et de représentants d’associations patients… Ce groupe s’est appuyé sur une analyse systématique de la littérature et des avis d’experts.

Les recommandations de la SFR (pas encore publiées, mais présentées au congrès de la SFR) « sont centrées sur les patients naïfs de cancer, précise la Dr Anna Molto. L’EULAR va émettre prochainement des recommandations concernant les patients ayant un cancer ou ayant des antécédents de cancer ».

Le rhumatologue doit assurer un rôle central dans la prévention et le dépistage

Dr Anna Molto

Sevrage tabagique, dépistage organisé et contrôle de la maladie

Le risque de cancer chez les patients atteints de RIC semble principalement médié par les facteurs de risque traditionnels qui sont plus fréquents dans cette population, notamment le tabagisme.

Ce risque doit être évalué périodiquement et systématiquement avant l’initiation d’un traitement de fond.

« Les rhumatologues et les médecins traitants doivent s’assurer que les patients atteints de RIC participent bien au dépistage organisé des cancers, préconisé en population générale : cancer du sein à partir de 50 ans tous les 2 ans, cancer colorectal dès 50 ans, cancer du col de l’utérus… » souligne la rhumatologue.

Le dépistage du cancer de la prostate n’est pas organisé, mais individuel. Quant au dépistage du cancer du poumon, une étude pilote va débuter cette année pour l’évaluation d’un dépistage organisé en population générale.

L’arrêt du tabac doit être systématiquement encouragé afin de réduire le risque de cancer.

En ce qui concerne le dépistage du cancer de l’utérus, le texte proposera un dépistage plus rapproché que celui recommandé en population générale. Il faut aussi s’assurer que la vaccination anti-HPV est à jour pour la population cible et proposer un rattrapage quand cela est indiqué.

« Un autre point important est d’obtenir le contrôle de la maladie car certains types de cancer, notamment les lymphomes, semblent être associés à l’activité de la maladie ».

Limites de prescription pour les iJAK et l’abatacept

Chez les patients à haut risque de cancer (antécédents personnels, risque génétique), les inhibiteurs de JAK (iJAK) ou l’abatacept ne devraient être prescrits qu’en l’absence d’alternative, après décision collégiale. Pour les iJAK il en est de même en cas de présence de facteurs de risque tels que le tabagisme ou l’âge supérieur à 65 ans. Pour toutes les autres molécules (anti-TNF, anti-IL6…), un sur-risque n’a pas été identifié.

« En conclusion, le rhumatologue doit assurer un rôle central dans la prévention et de dépistage des cancers car il est le mieux placé pour connaître les risques associés à ces pathologies et à leurs traitements », souligne la Dr Anna Molto.


Source : lequotidiendumedecin.fr