Tout d’abord, il n’existe pas de tranche d’âge dans laquelle le déficit en vitamine D serait plus fréquent. On la constate aussi bien en pédiatrie, en médecine d’adulte et en gériatrie. Parmi les facteurs induisant de telles carences, l’absence d’exposition solaire est le premier. Cette exposition est responsable de 90% de la production endogène de vitamine D. À l’inverse, le calcium est plus facilement récupérable auprès de sources alimentaires abondantes. L’efficacité de l’exposition solaire dépend de la latitude de résidence, de la saison, de la couleur de peau, de l’indice de masse corporelle. Tous les sujets ne sont pas égaux pour corriger ou éviter l’apparition d’un déficit en vitamine D par manque exposition au soleil.
Des enjeux insuffisamment appréciés
Le déficit en vitamine D est associé à un spectre étendu de désordres de santé dont on ne pourrait faire une liste exhaustive. Douleurs diffuses en particulier articulaires, fatigue, prise de poids, dépression ont été corrélées à cette carence. Des niveaux adéquats de vitamine D permettraient d’espacer les poussées de sclérose en plaque, réduiraient le risque de certains cancers, amélioreraient la fonction cardiaque, diminueraient le risque de démence ou d’autisme et celui de développement d’un diabète. La résistance à la grippe serait également améliorée ainsi que la fertilité féminine et les capacités d’allaitement…
De plus, la vitamine D permet des reprises de prothèses articulaires moins grevées de complications. Dans le suivi des scolioses, la vitamine D réduirait la progression des angulations. La majorité des enfants ayant une épiphysiolyse s’avèrent insuffisants en vitamine D. Il en est de même pour la survenue des ostéochondroses. Le délai de consolidation des fractures est amélioré par la vitamine D. Chez les sujets sportifs, force musculaire, équilibre et vitesse sont également favorablement influencés par la vitamine D.
Des cibles de niveau plutôt consensuelles
Il est possible de doser la 25 hydroxyvitamine D qui représente la forme de stockage. Les taux sériques de confort se situent dans une fourchette comprise entre 40 et 60 ng/mL. En cas de baisse de ce taux, surtout en deçà de 20 ng/mL, il convient de supplémenter en sachant que la vitamine D3 (cholecalciférol, d’origine animale) est mieux absorbée et offre un effet plus pérenne que la vitamine D2 (ergocalciférol, d’origine végétale). Il importe de noter qu’il n’existe pas de source alimentaire suffisamment abondante de vitamine D (en dehors de l’huile de foie de morue de nos (arrières) grand-mères… !).
Il faut aussi noter que la présence des récepteurs de la vitamine D est très ubiquitaire avec des effets sur de nombreux tissus. À titre d’exemple, l’insuffisance en vitamine D a été rendue responsable d’une diminution de la masse musculaire et d’une augmentation du risque de chute, en particulier chez les sujets âgés. Il faut enfin reconnaître que la toxicité des suppléments par vitamine D aux doses recommandées est inexistante.
À défaut d’apporter des idées révolutionnaires la conférence de l’Académie Américaine sur la Vitamine D a le mérite de préciser pour tous les soignants les cibles de niveau vitaminique à maintenir tout au long de la vie et leur impact sur la santé squelettique… mais pas uniquement sur elle.
Membre de la SoFCOT (Société Française de Chirurgie Orthopédique et traumatologique)
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