Une étude australienne sur la prévalence de l'hépatite C chez les usagers de drogues injectables à travers le monde révèle de grandes disparités d'un pays à l'autre et montre la nécessité d'adapter les politiques de prévention, de dépistage et de traitement. Ce travail fait l'objet d'une publication dans « Addiction ».
L'objectif mondial fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est d'éliminer l'hépatite C d'ici à 2030. En France, le Plan national de santé publique présenté en mars prévoit l'éradication de la maladie à l'horizon 2025.
« Notre étude montre que l'accès à la prévention et au traitement chez les usagers de drogue n'est pas mis en œuvre à une échelle suffisante pour mettre fin à l'épidémie », indique au « Quotidien » Sarah Larney, une des auteurs de l'étude.
Russie, Chine, Brésil et États-Unis regroupent 51 % des cas
« L'élimination de cette maladie se fera en traitant les patients et en épuisant le réservoir du virus de l'hépatite C (VHC), que représentent les usagers de drogue. C'est donc cette population qu'il faut cibler pour espérer éliminer le VHC », commente pour le « Quotidien » le Pr Victor de Ledinghen, hépatologue au CHU Bordeaux. En 2015, 39,2 % des personnes ayant eu recours à des injections de drogues dans l'année qui a précédé vivent avec le VHC dans le monde, ont estimé les auteurs.
Parmi les 71 millions de personnes dans le monde vivant avec le virus de l'hépatite C, 6,1 millions ont récemment consommé des drogues injectables, ce qui représente 8,5 % de toutes les infections, avec des prévalences très disparates selon les régions du monde. « Cette disparité dépend des politiques de dépistage et de réduction des risques [dispensation de matériels stériles, traitements de substitution…], qui ne sont pas du tout les mêmes selon les pays », note le Pr Victor de Ledinghen.
Les régions les plus concernées sont l'Asie de l'est et du sud-est (1,5 million), l'Europe de l'est (1,5 million) et l'Amérique du nord (1 million). Par ailleurs, quatre pays - Russie, Chine, Brésil et États-Unis - regroupent à eux seuls 51 % des usagers de drogues injectables vivant avec le VHC.
« Ce sont des pays qui appliquent des stratégies de prévention non optimales. Les traitements de substitution sont explicitement interdits en Russie », souligne Sarah Larney. « Ces pays doivent considérablement élargir l'accès à des stratégies de prévention efficaces afin de prévenir de nouvelles infections », estime-t-elle.
Adapter les stratégies à la nature de l'épidémie locale
Dans cette étude, le nombre de patients ayant une hépatite C est estimé à 194 000 en France. « Un chiffre qui date de 2011 », précise le Pr de Ledinghen, qui souligne que de nombreux patients ont été traités depuis. « Mais la proportion d'usagers de drogues injectables vivant avec le VHC doit être la même ». Elle est estimée à 48 %.
« La réduction des risques est mise en place depuis des années en France », rappelle l'hépatologue. Les efforts sont néanmoins à poursuivre « en allant dépister et traiter les patients directement dans les Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) où ils sont pris en charge ».
« Les pays devront élaborer des stratégies adaptées à la nature de l'épidémie locale pour éliminer le VHC d'ici à 2030 », conclut Sarah Larney, qui espère que « ces données aideront grandement les pays à le faire ».
Coalition PLUS dit non à la guerre aux drogues
En marge de la Conférence internationale sur le sida (AIDS 2018), Coalition PLUS lance sa campagne « Just say no to the war on drugs », en référence à la campagne américaine « Just say no to drugs » des années 1980, jugée contre-productive. Pour que les usagers de drogues ne soient pas marginalisés et aient accès aux soins, Coalition PLUS souhaite « un changement en profondeur du paradigme mondial sur les drogues ». Elle appelle à la décriminalisation des usagers de drogues, à l'accès universel aux outils de réduction des risques et aux traitements de substitution, à l'arrêt immédiat des discriminations envers les usagers de drogues et à une hausse des financements à destination des programmes de réduction des risques.
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