Il ne faut voir aucun effet du hasard dans le fait que la Pr Michèle Kessler ait été, en tant que néphrologie, l’une des premières à répondre à la proposition du comité éditorial de la nouvelle revue internationale Ethics, Medicine et Public Health (Éthique, Médecine et politiques de santé) dont le premier numéro sera publié en avril 2015 chez Elsevier. Cette revue a, en effet, pour vocation d’ouvrir ses pages aux questions éthiques transversales émergentes dans notre société, due à l’application des nouvelles technologies dans le domaine de la santé et des difficultés pour la société de procéder aux arbitrages équitables permettant une juste intégration. Cette revue, qui est donc tout naturellement le lieu de rencontre et de dialogue entre les sciences médicales, le droit, la philosophie et toutes les sciences humaines et sociales, offre également une opportunité inédite de croiser des regards transatlantiques sur ces questions, permettant de mieux comprendre les différences conceptuelles qui fondent des choix politiques différents de part et d’autre de l’Atlantique (notamment au Canada et aux États-Unis).
Une longue tradition de réflexion éthique
Cette nouvelle revue est donc ouverte à la réflexion et au partage d’expérience du champ de la néphrologie, qui s’est toujours construite dans cet esprit. En effet, les pionniers de cette discipline, qui s’est détachée de la médecine interne en 1960 sous l’impulsion de Jean Hamburger, n’ont jamais cessé d’être confrontés à la nécessité de « repenser l’éthique de leur métier » au fur et à mesure de l’émergence des nouvelles biotechnologies. Celles-ci venaient modifier le champ de leurs possibles, en permettant notamment le développement des techniques d’épuration extrarénale ou de celui de la transplantation rénale. Confrontés en permanence à des dilemmes inédits, leur posant sans cesse la question de l’acceptabilité de la transgression pour sortir de l’impasse, les néphrologues ont du d’emblée dialoguer avec les sciences humaines et sociales et la société civile pour relever les défis posés par la santé des patients atteints de pathologie rénale. Ce n’est d’ailleurs pas non plus par un effet du hasard si l’un des pères de la loi relative à la protection des personnes dans la recherche biomédicale qui a posé le cadre légal de la recherche en France, tout en garantissant la protection des personnes qui s’y prêtent, est un médecin néphrologue, le Pr Claude Huriet. Confrontés très tôt aux problématiques de la maladie chronique (avec ses questions fondamentales de recherche, d’accès au soin, de qualité de vie, et de prévention), les néphrologues, dans la filiation de Jean Hamburger, à la fois grand médecin, grand chercheur et grand humaniste, s’inscrivent dans une tradition ancienne de réflexion éthique, consubstantielle de leurs pratiques.
Rédactrice en chef adjointe de la revue Ethics, Medicine et Public Health (Éthique, Médecine et politiques de santé)
http://www.em-consulte.com/revue/JEMEP/presentation/ethics-medicine-and… (consulté le 2 avril 2015)
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