La maladie de Lapeyronie donne en général une courbure acquise de la verge, qui se traduit le plus souvent par une déformation progressive au niveau dorsal ou dorsolatéral, des douleurs lors des érections dans deux cas et sur trois et, assez souvent, une rigidité de moins bonne qualité.
Elle évolue en deux phases. La phase d'installation de 6 mois environ, avec déformation progressive de la verge et le plus souvent des douleurs et troubles de l'érection, est suivie d'une phase caractérisée par une disparition des douleurs, une stabilisation de la déformation dans deux tiers des cas, mais une amélioration dans 10 à 15 % des cas ou une aggravation dans 15 à 20 % des cas. La physiopathologie de la maladie reste mal connue et les possibilités thérapeutiques étaient jusqu'alors très limitées. Lors de la première phase, l'objectif est de calmer les symptômes et le traitement fait appel aux antalgiques, avec parfois des injections directes de corticoïdes ou de vérapamil dans la zone de fibrose. Une traction quotidienne de la verge avec un appareil adapté ou aux ultrasons permet de stabiliser la maladie et de diminuer les douleurs persistantes. Ces traitements ont une efficacité limitée, et la vitamine E parfois préconisée n'a jamais fait la preuve de son bénéfice.
Une collagénase à base de Clostridium histolyticum
La prescription d'inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 permet toutefois d'améliorer la rigidité en cas de perte d’érection associée aux autres symptômes. Après 12 à 18 mois, lorsque la maladie est stabilisée, le seul traitement était chirurgical. Mais une alternative médicale est disponible depuis décembre 2016 : les injections de Xiapex, une collagénase à base de Clostridium histolyticum, substance enzymatique qui agit sur les fibres de collagène et qui est utilisée dans la maladie de Dupuytren depuis plus de 2 ans. Le traitement permet d'assouplir la zone de fibrose, ce qui se traduit par une amélioration de la déformation de la verge d’en moyenne 20° chez les deux tiers des patients, ce qui peut leur permettre de retrouver une vie sexuelle satisfaisante. Plusieurs injections sont en général nécessaires, en moyenne 3 ou 4, mais pouvant aller jusqu'à 8, le plus souvent à un mois d'intervalle. Elles doivent être suivies d'un stretchnig quotidien de la verge pour favoriser l'efficacité du produit. Les meilleurs résultats sont observés en cas de courbure dorsale de 30 à 45°. Les effets secondaires sont en général minimes. Très rarement, des hématomes importants ou des ruptures de plaque fibreuse nécessitant une intervention en urgence ont été décrits. C'est pour cette raison que le geste ne peut être réalisé que dans un environnement médical, par un urologue ayant suivi une formation spécifique validée par l'Association française d'urologie (AF), pour maximaliser les chances d’efficacité et minimiser les risques. Le Xiapex représente donc une nouvelle option dans la maladie de Lapeyronie stabilisée, en alternative à la chirurgie ou à défaut avant un geste chirurgical qui pourrait être plus simple. Ses limites sont les rares cas de complication sévère (0,5 %) et son coût élevé, en l'absence de remboursement en France à l’heure actuelle.
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