La grossesse, modifie la gestion de l’allergie au quotidien. L’évolution est impossible à prédire. Dans un tiers des cas, l’expression symptomatique est stable chez les asthmatiques, une amélioration est observée pour un autre tiers tandis que le dernier tiers rapporte une aggravation.
Globalement, durant cette période sensible, le risque d’exacerbation est multiplié par 2 ou 3 chez la femme enceinte. Les études montrent que 20 % des femmes enceintes asthmatiques consultent pour exacerbation, 6 % d’entre elles sont hospitalisées avec le risque de souffrance fœtale que fait peser une possible hypoxie. Les corticoïdes topiques ou, lorsque cela est nécessaire, systémiques, restent le traitement de choix. Les bêta 2-agonistes, en particulier le salbutamol et la terbutaline sont également souvent prescrits en inhalation. L’utilisation d’anti-leucotriènes et de xanthines est également possible mais nécessite, pour les xanthines, la recherche de la dose minimale efficace.
Les dangers potentiels de l’auto-médicationPour la rhinite, les corticoïdes topiques sont en première intention; les antihistaminiques oraux peuvent être utilisés, en particulier ceux de deuxième génération qui entraînent moins de sédation pour la mère et une plus faible diffusion materno-fœtale durant la période pré-natale et l’allaitement. L’éducation de la patiente enceinte est particulièrement importante, puisque l’observance risque d’être moins bonne durant la grossesse en raison des craintes vis-à-vis de la toxicité pour l’enfant. Il est donc nécessaire qu’elle sache qu’un asthme mal stabilisé peut entraîner des séquelles irréversibles chez le fœtus et qu’elles connaissent les dangers potentiels d’une auto-médication. En particulier, les vasoconstricteurs sont interdits comme l'éphédrine ou la phényléphrine. Pour la désensibilisation, les recommandations sont claires : il est inutile d'interrompre une désensibilisation bien supportée au stade de traitement d'entretien (surtout par voie perlinguale). En revanche, la grossesse n'est pas le moment opportun pour commencer une désensibilisation. L'homéopathie peut être prescrite sans danger pendant la grossesse. « Les médecins doivent accompagner leur patiente, mais ne doit pas se faire au détriment des prises en charge classiques, en particulier de l'asthme », souligne le Dr Bernard Poitevin en rappelant qu’« une bonne hygiène de vie s’impose, quelle que soit la nature de l'allergie, avec l’évitement du tabagisme actif et passif. » Établir un bilan allergique chez un allergologue (avec des tests cutanés) est aussi intéressant avant la grossesse en cas de symptôme évocateur d’allergie. En cas d'allergie respiratoire prouvée aux allergènes de l'environnement, on conseille de renforcer les mesures de prévention habituelles (acariens, spores de moisissures) et d’éviter les expositions aux pollens en cas d’allergie saisonnière.
Des allergènes « de filles »
Une étude par auto-questionnaire effectuée chez des atopiques souffrant de rhinite allergique et/ou d’asthme a montré que les symptômes liés à la manipulation et/ou à la consommation d’aliments étaient plus fréquents chez les femmes (29,2 %) que chez les hommes (18,9 %). Les aliments en cause étaient le plus souvent végétaux (carottes, kiwis, pommes, poissons), surtout au moment de l’épluchage ou de la cuisson. Cette différence très significative (p < 0,001) a été attribuée au fait que les femmes faisaient plus souvent la cuisine que les hommes. Les cosmétiques, plus souvent utilisés chez les femmes, sont aussi très souvent responsables d’allergies et de dermites d’irritation (visage, paupières, aisselles, mains). Les principaux responsables sont les shampooings, le mascara, les déodorants, etc. La coiffure est probablement la profession la plus exposée.
Pr Guy Dutau
Un sex-ratio évolutif !
Les données épidémiologiques montrent que l’asthme est plus fréquent chez les garçons (G) que chez les filles (F) avec un sex-ratio G/F de 2,5/1 probablement parce que l’atopie est plus fréquente chez les garçons pour des raisons inconnues. À l’adolescence le sex-ratio s’inverse et l’asthme devient plus fréquent et plus grave. L’hypothèse générale selon laquelle les mères accorderaient une attention plus particulière aux maladies des garçons qu’à celles des filles, valable pour l’asthme, a été avancée, pouvant expliquer en partie la gravité plus importante de l’asthme chez les filles.
G.D
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