L’alimentation s’inscrit définitivement dans une démarche préventive du cancer. L’INCa, le réseau NACRe de l’Inra ou le Haut conseil de la santé publique (HCSP) ont marqué l’actualité de 2017 par leurs publications sur les relations entre alimentation et cancer. Avec au final pas de révélation, mais des confirmations et quelques réajustements, dont les dernières Journées francophones de nutrition (JFN, Nantes, 13 au 15 décembre 2015) se sont fait l’écho.
Carton rouge pour la charcuterie et la viande rouge
Du côté des aliments protecteurs, peu de surprise. On retrouve les fruits et légumes non féculents, avec des niveaux de preuve qualifiés de « probables » vis-à-vis des cancers des voies aéro-digestives supérieures et de l’estomac. Pour les aliments riches en fibres, leur capacité à diminuer le risque de cancer du côlon et du rectum est là encore jugée « probable » par l’INCa et « convaincante » pour le Fonds mondial et l'Institut américain de recherche contre le cancer. L’INCa reconnaît aussi un bénéfice « probable » pour le cancer du sein. Même verdict en ce qui concerne la diminution du risque de cancer colorectal grâce aux produits laitiers.
Concernant les facteurs nutritionnels augmentant le risque de cancer, le rôle délétère de la viande rouge et des charcuteries est consolidé, qualifié de « convaincant » pour le cancer colorectal et « probable » pour celui de l’estomac. Par conséquent, la quantité de viande rouge à ne pas dépasser a été maintenue par le HCSP à 500 g par semaine et celle de charcuterie a été revue à la baisse, avec au maximum 150 g hebdomadaires.
Le bêta-carotène pointé du doigt
Quant aux boissons alcoolisées, qui augmentent dès un verre par jour de façon « convaincante » le risque de cancers des VADS, du foie, colorectal et du sein après la ménopause, un avis d’expert de l’INCa et Santé publique France préconise depuis 2017 de ne pas boire plus de deux verres par jour et 10 par semaine.
Enfin, un facteur est dénoncé plus fortement en 2017 : les compléments alimentaires. 20 % des adultes en France en consomment et 1,7 % de la cohorte de NutriNet-Santé (la grande enquête nutritionnelle française en ligne) prend une supplémentation en bêta-carotène. Or, non seulement ce dernier type de supplémentation ne réduit pas le risque de cancer mais elle l’augmente, de façon « convaincante » pour le cancer du poumon et « probable » pour celui de l’estomac.
Des modes d’alimentation plus vertueux que d’autres
Présentées lors des JFN, plusieurs études basées sur la cohorte NutriNet-Santé (2009-2017) se sont focalisées non plus sur l’effet des aliments pris individuellement mais sur l’impact de tel ou tel type d’alimentation. L’une d’elles conforte les recommandations en montrant qu’un régime alimentaire plus riche en végétaux et moins fourni en produits animaux contribuerait à la prévention des cancers. Un score “pro-végétal” plus élevé était en effet associé à une diminution du risque global de cancers (- 15 %), de cancers digestifs (- 35 %) et du poumon (- 55 %).
Une autre étude suggère le rôle bénéfique d’une consommation régulière de produits “bio” sur le risque de développer un cancer en général, et en particulier du sein et des lymphomes. Cela passerait par une exposition plus basse aux résidus de pesticides.
L’impact des aliments ultra-transformés est aussi passé au crible dans une première étude prospective : une augmentation de 10 % de la proportion d'aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire serait associée à une augmentation significative de 10 % des risques de cancer au global et du sein.
En bref
Bien manger, un surcoût chiffré Suivre les recommandations nutritionnelles de l’Anses engendrerait un surcoût moyen de 1,5 euros par jour et par personne.
Des polyphénols contre la démence Une alimentation riche en polyphénols (noix, baies et agrumes, légumes-feuilles, produits à base de soja, céréales, huile d’olive, thé, vin rouge, etc.) divise par deux le risque de démence ou de maladie d’Alzheimer dans les 12 ans chez des sujets âgés (étude des 3 cités).
Des régimes d’éviction injustifiés 71,1% des enfants maintenus sous régime d’éviction strict pour une allergie à l’arachide seraient en fait tolérants et pourraient supporter de petites doses, selon l’étude Manoe qui a évalué un nouveau test de réactivité allergique.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation