Les températures moyennes augmentent et la prévalence des allergies s’envole. Il faut toutefois se garder de conclusions hâtives quant aux liens entre les deux. « Les répercussions du changement climatique sur les aéroallergènes ne sont ni simples ni univoques et les études loin d’être cohérentes, avertit le Dr Michel Thibaudon, pharmacien et fondateur du Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA). Il existe de nombreux facteurs de confusion, en commençant par la pollution atmosphérique qui peut renforcer l’allergénicité. »
Certaines études montrent que les modifications climatiques entraînent une migration de différentes espèces vers le nord (oliviers, cyprès, chênes verts, ambroisie, graminées), tandis que l’élévation des températures estivales et la baisse des précipitations réduisent l’aire de répartition de certaines espèces type hêtres, mélèzes, sapins, épicéas. La modification de la quantité de pollens produite dépend des espèces : on a constaté une augmentation pour le bouleau mais une baisse pour les graminées, les effets du changement climatique étant en général moins marqués pour les herbacées que pour les arbres.
Pollution
Il faut aussi tenir compte du rôle de la pollution qui, conjuguée à la hausse des températures, rend plus précoces la floraison et la pollinisation des arbres (pas les graminées) fleurissant au printemps, mais cette évolution varie selon les années et le phénomène peut s’inverser. Globalement, la durée de la saison pollinique est inchangée pour les arbres et augmente pour les plantes à floraison estivale ou automnale. Mais la sécheresse et la canicule peuvent réduire la pollinisation des graminées tandis qu’elles augmentent celle de l’ambroisie. La quantité de pollens produits pourrait aussi être stimulée par l’augmentation du CO2 et on a montré en particulier sur certains pins qu’un excès de concentration de 200 ppm par rapport à la normale augmente leur production de pollen, en particulier chez des arbres jeunes qui sont normalement stériles ainsi que d’autres qui continuent à en produire jusqu’à un âge très avancé.
En plus d’agir sur la saisonnalité et l’abondance du pollen, le changement climatique influence également le contenu allergénique, même si cela est parfois difficile à prouver. Pour le bouleau, la teneur en allergènes majeurs s’accroît avec la chaleur, et pour l’ambroisie, elle augmente de 30 à 50 % pour un réchauffement de 3,5 °C. Ainsi, « la tendance à un renforcement du potentiel allergisant de nombreux taxons polliniques apparaît indéniable, ce qui pour la même quantité de pollen pourrait augmenter la prévalence des pollinoses », reconnaît le spécialiste.
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